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Wyn Ysciele
Wyn Ysciele
Mage
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Sujet: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Sam 14 Juil - 12:30


“I will never, never be the same.
I have seen stars.
Real stars.”
Fin de semailles 200 ❖ Wyn & Yildun
La fête des morts. La fête des Cœurs. La première semaille. Par la grâce de Zenithar, Wyn n’avait jamais tenu un calendrier des jours très précis. Le temps pour lui ne s’écoulait jamais en fonction des jours travaillés et des jours gais, des temps de moisson et des temps dévolus aux dieux. Le fils de mage et d’aubergiste n’avait jamais fait parti du cortège du quotidien, il avait son propre calendrier, l’écoulement du temps mesuré par des pattes de mouche sur parchemin qui n’avait jamais vu la lumière du soleil. L’irisation de Secunda et Masser par les aurores boréales, et la vision imperceptibles des huit planètes aedriques en fonction de leurs orbites et des neiges. Le temps que prenait un enchantement pour imprégner le médaillon d’une amulette. Le temps que ses yeux se mettent à pleurer de fatigue après trop d’efforts sous un ouvrage décharné par les âges. Le temps que mettait son atronach à se volatiliser en oblivion et les sortilèges pour se dissiper. L’horloge dwemer aux fins mécanismes posée sur sa table de travail qui égrègne un temps oublié, reflet mécanique des mouvements astraux, reproduits avec un soin maladif par un peuple éteint.  Le temps qui s’écoulait entre chaque changement de bandages par les doigts délicats d’Yildun. La part rationnelle de l’esprit de Wyn était conscient qu’au fil des jours le prêtre avait de moins en moins de soins à effectuer sur sa jambe meurtrie, que ce temps s’étiolait progressivement, mais il venait toujours l’interrompre dans ses travaux trop tôt. N’importe quand serait toujours trop tôt. C’était à croire que le guérisseur prenait un malin plaisir de venir l’interrompre et le tirer de sa réflexion, ce qui semblait à Wyn, toutes les dix minutes. On ne pouvait pas travailler de manière obsessionnelle en paix ici-bas.

Il ne savait pas depuis combien d’heures ( de jours ? Non, pas de jours, Yildun refusait de le laisser en paix un jour entier ) il avait été laissé seul dans son laboratoire, secondé par les pattes folles de son araignée. Il voulait être seul pour ça. Il avait houspillé Bertil jusqu’à le chasser de la salle souterraine où il travaillait. Et ce, avec un tempérament irascible comme son assistant avait peu vu. Il devenait de plus en plus irritable et solitaire Wyn, depuis son retour, mais qui pouvait le blâmer ? Depuis plus d’un mois maintenant, il avait l’impression de n’être jamais seul. Les questions de Stonekeeper, la présence de Bertil, la sollicitude de Yildun, l’œil d’Hermaeus Mora. Il était toujours observé – avec plus ou moins de bienveillance et de patience. Il se demandait jusqu’où irait la patience d’Yildun avec un mélange d’appréhension et d’impatience. Le faire fuir à corps et à cris, lui jeter des morceaux de métal tordu au visage, chasser sa douceur avec son amertume. Et se retrouver seul, à nouveau, perspective qui, par vagues le tenaillait d’envie ou le faisait succomber à une terreur sans nom. Une part de lui avait envie de pousser à bout le prêtre, voir si ses belles promesses tenaient du vide, voir s’il tournerait bride à voir les priorités du scientifique. Mais Yildun le regarder toujours œil dans les yeux, malgré la corruption de ses prunelles, et une fois sur deux Wyn était muet. Il était pourtant difficilement supportable.
Et tout le reste était hypnotisé par l’objet en face de lui. Wyn se redressa lentement, le dos qui avait été courbé pendant de longues heures sur l’établi, douloureux. Lorsqu’il déposa ses pinces et stylets dorés, aiguisé comme des scalpels, précis comme des outils d’un autre temps, sur sa table de travail, ses mains étaient entaillées de micro-coupures plus nombreuses les unes que les autres, causées par les arrêtes de l’acier dwemer le temps qu’il finisse. Il ne sentait rien. A sa gauche brûlait encore dans l’âtre le feu haut et brûlant qui lui avait servi pour courber le métal d’or vieilli à sa guise. A l’inspiration qui lui venait d’un lieu innombable. La pièce était surchauffée, les pistons aux valves largement ouvertes répandant leur vapeur brûlante, secondant le foyer pour propager la chaleur. Les tisons et pinces utilisées étaient encore rougies dans l’âtre et le devant des robes de Wyn était entamé par endroits de suie. Wyn n’osait pas respirer, en fixant l’amas de mécanismes et de métal posé devant ses yeux. Un morceau difforme, emboîtement de rouages, semblable à un membre amputé, sordide. Une vision effarante et contre nature, mais pas pour Wyn. Il fixait la prothèse d’un œil halluciné, l’or ajouté à ses yeux vivace comme un nid de serpent imprégnant le blanc. Il avait eu, il y a deux semaines, une illumination qui ressemblait à un cauchemar. Et depuis, il n’avait plus eu de cesse. Les schémas naissaient sous ses doigts teintés par le charbon qu’il utilisait pour tracer, et si son caractère devenait exécrable, ses douleurs fantômes elles disparaissaient devant la frénésie du génie inspiré.

Ce qui était laid, c’était lui. Wyn avait retrouvé ses longues robes de mage avec une bulle de soulagement dans le creux du ventre. Les tissus qui effleuraient le sol avaient un effet apaisant sur sa dysphorie, le tissu doux, bleu-gris, n’irritait pas sa cuisse abîmée. Et surtout, personne ne voyait le trou béant dans sa silhouette. Sans hésiter, ni s’accorder un temps de repos, Wyn saisit la gemme noire posée sur le côté de son établi. Il l’avait toujours conservée, depuis qu’il l’avait acheté à un prix d’or aberrant ( quel est le prix de l’âme humaine, en fin de compte ? ) il y a quelques années de cela, conservée pour un projet spécial qui n’était jamais venu sur son établi. Jusqu’à être certain, poussé par un petit doigt daedrique, c’était ce qu’il attendait depuis tant de temps. Les yeux mi-clos, il rassemble les ingrédients qu’il avait ordonné, sans douceur ni explication à Bertil de rassembler et il caresse le membre factice du bout des doigts. Un enchantement aussi subtil que celui qu’il avait en tête, avec une telle gemme… sur un tel artefact… Cela lui prit trois bonnes heures, favorisé par son ombre tutélaire. Il lui faudrait encore des réglages, de nouveaux enchantements, une précision de mage, mais c’était un premier essai. Ce n’était qu’un premier essai, le premier de tant d’autres, chuchotait, réconfortant, une voix au creux de son esprit.
Lorsque Wyn rouvrit tout à fait les yeux, laissant filer concentration et magie du bout de ses doigts, il prit une bonne minute pour que ses yeux fasse le point. Autour de la prothèse cuivrée, luisait une légère lueur plus claire, avant de s’effacer à petit feu, faisant corps avec l’objet. « - Yildun » il murmure, la sueur coulant lentement de sa tempe, l’aveuglant un instant. Il cligne des yeux et s’humecte la lèvre pour appeler un peu plus fort. « -Yildun ! »
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Yildun Silvereyes
Yildun Silvereyes
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Jeu 9 Aoû - 16:17

I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars.
Le temps était clément en cette fin de Sémaille de l'année 200. Il faisait assez frais dans les premières heures du jour, avant de commencer à se réchauffer alors que les ventres affamés se ruaient chez eux ou entamés leurs casse croutes dans les champs pour la pause du repas. Si l'on restait assez longtemps, comme par exemple, assis en tailleur une pierre haut placé, on pouvait pleinement profiter de la chaleur et du soleil, bien qu'encore timide par instant. C'était une de ces matinées, où il avait quitté la grotte dans laquelle il vivait en quasi collocation avec Wyn et Bertil pour descendre dans Markarth pour faire quelques achats et dégourdir ses membres à l'air frais de la ville. Il aimait voir les paysans partir à leurs travaux dans les champs, les commerçants ouvrant leurs échoppes, les animaux errants cherchant de quoi remplir leurs panses avec les restes jetés derrière les auberges. Après avoir acheté quelques plantes et de l’alcool pour ses préparations, Yildun avait fini par rebrousser lentement chemin alors que le peuple se faisait de plus en plus nombreux dans les rues.

Il était remonté par les chemins parfois presque sinueux pour rejoindre les ruines Dwemers et la tanière d'un homme au corps et à l'esprit mutilé. Il adorait prendre soin de ce corps aux multiples écorchures bien que la tâche ne soit pas aisée. Il ne pouvait pas s'en convaincre autrement : Wyn Ysciele avait besoin de lui, qu'importe les colères et les objets qu'il pouvait lui envoyer au visage. C'est pour ça qu'avant de le rejoindre, avant de disparaître dans les grottes et le savoir oublié, il avait trouvé une roche en hauteur et s'y était assis pour prendre repos et boire quelques gorgées de sa gourde. Sa chouette sur l'épaule, elle profitait de l'air chaud s'engouffrer sous ses plumes dans des ulules discrètes, satisfaite de cette pause dans leur marche. Le borgne prenait le même plaisir à apaiser son esprit et à combattre le froid par une légère méditation. Il ne savait pas ce qu'il allait retrouver en rentrant auprès de l'unijambiste, il savait seulement que cela ne serait pas ennuyant. Ce qui était une très bonne chose pour Wyn. Il se plaisait dans cette étrange relation qu'il partageait avec le mage. Il resserrait un peu son manteau autour de ses épaules lorsqu'un frisson le parcouru. Il était l'heure de rentrer auprès de son patient à présent, les soins ne pouvaient attendre plus longtemps. Même s'ils n'étaient plus aussi réguliers que les dernières semaines, il fallait continuer de surveiller l'évolution de son état; même si une infection maintenant serait tout à fait extraordinaire.
Éloigné du laboratoire, avant d'aller rendre sa visite a Wyn, il préférait en premier lieu préparer sa mixture pour soulager la douleur du mage plutôt que d'aller l'embêter immédiatement. Quelques heures de paix ne pouvaient pas lui faire du mal après tout. Il avait toujours apprécié cette texture sur ses doigts, un peu visqueuse, cela ne le dérangeait pas outre mesure. Il y avait quelque chose de répétitif, mais aussi relaxant pour ses nerfs. Même s'il ne l'affichait pas devant ses patients pour ne pas leur donner plus d'anxiété qu'ils n'en avaient déjà, il n'était pas simple pour le prêtre de tout le temps comme si tout allait bien. Même si cela voulait dire empiéter sur son propre bien-être pendant quelques temps. Ce n'était qu'un maigre sacrifice. Sans s'en rendre compte, il remarquait tout à coup qu'une voix l'appelait. Il fronçait les sourcils sans s'en rendre particulièrement compte, détournant la tête vers là d'où provenait la voix. Le laboratoire où se trouvait Wyn. Une légère inquiétude parcourait son être avant de passer ses mains sous l'eau pour les laver avant de les essuyer. Ne prenant le temps de répondre qu'après un moment « J'arrive. »

Pour une fois, le ton de Rhil n'était pas tout à fait impérieux envers lui. Bien qu'il sente l'ordre sou jacent de se dépêcher de le rejoindre. Mais il prenait son temps quoi qu'il en soit. Si quelque chose n'allait vraiment pas, il l'appellerait bien plus et d'une voix plus forte, ou du moins, sentirait-il de la détresse dans celle-ci. Mais il n'y avait rien de tout cela. Les mains jointes dans les manches de sa robe de prêtre, il pouvait enfin voir le dos de son compagnon. Il s'approchait lentement jusqu'à être à ses côtés pour découvrir la nature de son appel. Une prothèse jambière visiblement créée par les soins du disciple d'Hermaeus Mora. Mais ce problème, il verrait plus tard. Il passait sur le côté droit du flanc de Wyn, s'approchant pour caresser de son oeil la merveille mécanique et magique qui apparaissait devant lui. Il y avait du génie dans la folie latente que pouvait abriter les crises obsessionnelles de Wyn. C'est ce qui faisait de lui ce qu'il était. N'osant toucher sans se prendre les foudres du mage, il posait cependant lentement sa main sur son épaule avant de remarquer la sueur sur son front.
D'un mouvement doux, il passait son pouce pour chasser une goutte de sueur prête à dévaler son front pour venir perturber sa vue ou lui chatouiller le bout du nez. « Elle est magnifique. » Ce n'était pas un faux compliment. Il le pensait vraiment, il n'y avait aucun mensonge de réconfort dans ce qu'il disait. Serait-ce la seule ou la première d'une nombreuse série de perfectionnisme de la part du blondinet. Il retirait lentement sa main avant de perdre plus longuement son regard sur la prothèse avec un silence confortable. « Quand penses-tu mettre en œuvre le premier essai de ce petit bijou ? » Il ne savait pas si à l'instant serait la meilleure idée, il faudrait d'abord manipuler son moignon et voir à quel point ses muscles avaient repris de leur vitalité pour tenter cette expérience. Mais il devait bien l'avouer : Wyn lui donner envie de jouer au mage et tester cette invention tout à fait fascinante. Aussi intriguant que son inventeur.
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Wyn Ysciele
Wyn Ysciele
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Dim 12 Aoû - 16:10


“I will never, never be the same.
I have seen stars.
Real stars.”
Fin de semailles 200 ❖ Wyn & Yildun
Wyn était en transe, incapable de détacher son regard des mécanismes inhumains qui reposaient devant lui. Les éclats d’or vieilli appelaient ceux de ses yeux, l’hypnotisant ; sa poitrine se soulevait à peine, gonflée à son maximum, l’air refusant de quitter ses bronches, refusant de le ramener au rang des vivants. Le mage n’était plus dans les méandres de ses propres souterrains. Il était ailleurs et inexistant à la fois, embrigadé dans un sacerdoce consenti. La tendresse de Yildun fait ciller imperceptiblement ses yeux, ses paupières ne se refermant pas tout à fait. Mais il cille, le début de ses pattes d’oies se creusant un peu plus, et il sourirait si ses lèvres n’étaient pas aussi sèches, entrouvertes et bouche bée.

Elle est magnifique. C’est le chef d’œuvre de son existence – jamais les doigts abîmés de l’inventeur ne créeraient mieux, et sa seule déception c’est d’avoir été incapable d’y penser plus tôt et seul. D’artisan il passe à l’art pur, de la magie il touche à la science ultime et la quête dwemeri. Elle a la pureté de la science et la beauté de l’arcane. L’approbation d’Yildun se double du murmure séditieux entre ses tempes, elle est magnifique, elle est magnifique… Wyn sourit, et il tourne la tête vers le prêtre, relevant les yeux pour observer l’homme penché au-dessus de lui. Il ne cherche pas à fuir son contact au contraire, mais son regard est illuminé d’or, son visage un instant éclairé de trois âges plus jeunes. Puis les ombres reviennent et Wyn acquiesce, avalant sa salive, se redressant sur son siège. Avide et handicapé à la fois. « - A l’instant. » Il pivote sur son siège, pour mettre ses jambes de travers. Sa cuisse touche le genou d’Yildun, le mouvement trop rapide et saccadé. L’heure et le moment, l’endroit et le compagnon ne font pas le moindre doute pour l’inventeur. Il a besoin de savoir, d’expérimenter. Le besoin est viscéral est enseveli tout dans l’avalanche, cela prend ses pensées et ses autres désirs, ça vole le temps et suspend son vol. Il veut savoir. Il veut prouver et devenir. La curiosité dévorante accélère son rythme cardiaque et le mage souffle – il fait voler une mèche blonde échappée de sa tresse qui lui est retombée contre l’arrête du nez, voilant son regard mais pas l’éclat de celui-ci.
Il semble avoir oublié la prothèse, pour fixer, transfiguré, le métisse. L’odeur du soleil qu’il transportait dans les profondeurs froides, la fraîcheur de ses mains nettoyées, et la blancheur de son œil qui semblait toujours le tenir sous son emprise.

Il l’impressionne toujours autant, mais la question tombe sous le sens, et la ferveur s’entend dans la voix de Wyn. La fermeté aussi, la simplicité de l'urgence qui l'a conquis - le mage aimerait avoir son sauveur auprès de lui, mais avaec ou sans lui, avec ou sans Bertil, avec pour seul soutien le daedra qui le pousse dans le dos, il le fera. « - Me ferais tu la faveur ? » D’une main, il retrousse et relève ses robes pour dévoiler ses jambes jusqu’aux genoux. Le breton refuse de baisser les yeux sur son moignon, sur la chair défigurée. C’est la nausée qui le bloque à chaque fois qu’il ose ce genre de mouvement. La jambe unique du poulet poilu, la musculature fondue par les mois de convalescence, la pâleur criminelle d’une vie passée à étudier. La chair vide et meurtrie qui le déséquilibre dans chacun de ses mouvements. Wyn ne quémande pas, ne supplie pas. Il demande d’une voix posée, sûr de lui et du privilège, de la découverte devant eux. Le respect absolu présent dans sa voix, on ne sait pour qui il est. Le daedra qui lui a ouvert les portes de l’inconnaissable, ce moment cristallin de la découverte, l’homme avec qui il partage ce secret, les portes closes autour d’eux en lieu et place de son apprenti.

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Yildun Silvereyes
Yildun Silvereyes
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Jeu 16 Aoû - 21:36

I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars.
Le prêtre était ému, pendant quelques instants, de voir le mage de Markarth rajeunir sous son regard, retrouver la trentaine qui lui appartenait encore. Il était heureux de voir que la construction d’une merveille technologique inspiré d’un autre temps puisse le mettre dans un tel état de joie. Peut-être que dans le fond, Yildun se sentait presque jaloux qu’une chose aussi simple puisse le mettre dans tous ces états. Mais tant qu’il était heureux, alors le mage de guérison était satisfait. Il baissait un instant son regard pour voir la cuisse de Wyn toucher sa jambe, se perdant sur son visage un bref instant. Évidemment, le métisse Breton et Nordique n’avait pas le temps d’attendre et il pouvait le comprendre. C’était comme avoir un nouveau jouet et ne pas pouvoir y toucher. Posé sur une étagère trop haute et ne pouvoir que le frôler, sans jamais pouvoir le faire tomber entre ses doigts pour aller découvrir tout ce qu’on pouvait faire avec. Dans le fond, sa question n’avait pas besoin de réponse, en fait, elle n’avait pas d’intérêt puisqu’il connaissait déjà la réponse. Il aurait même trouvé cela très étrange que Wyn lui dise autre chose. C’est pour cela qu’il a un rictus, presque attendri pour l’homme à la jambe en moins.

D’un mouvement souple, il se reculait d’un pas pour laisser Wyn pivoter sur lui-même et présenter sa chair déchiquetée devant lui, observant le bandage protégeant le moignon ayant fini sa cicatrisation depuis un bon mois maintenant. Il ne lui répondait pas, préférant se mettre humblement à genoux devant lui pour venir effleurer la peau sensible, commençant à retirer la première couche de bandage avec sa délicatesse bien connu du prêtre. Il reposait les bandages usés sur le sol. Ne laissant que la couche première à sa place. Elle ne semblait pas souillée. Elle était même très propre. Il lui lançait un regard entendu avant de commencer à la mouver lentement entre ses doigts, ne craignant nullement. Il devait d’abord vérifier si tout allait bien avant de tenter une telle expérience. Les muscles avaient fondu, mais ils se reformeraient bien assez vite s’il voulait de nouveau courir à travers Markarth et des ruines abandonnées. Il savait très bien que Wyn ne resterait pas sagement assis dans un coin pour le reste de sa vie, il en avait pleinement conscience. Dans le fond, il était heureux de voir le mage reprendre goût à la vie. Une prothèse, cela signifiait que la vie méritait encore d’être vécu pleinement par le mage, qu’il n’avait pas arrêté d’aimer la vie, même si elle allait s’avérer un peu plus difficile pour lui dorénavant.

« Let’s do this. » Il se relevait, se retournant un peu pour pouvoir saisir la prothèse par le dessous, avant de se remettre à genou devant Wyn. Il positionnait la jambe de métal doré bien droite en saisissant doucement le moignon pour le tenir le plus stable possible. Son regard faisait quand même des allers-retours entre l’expression du mage, il savait qu’il allait souffrir encore longtemps et la sensation serait atroce.« Prêt ? » Murmurait-il doucement, avant de donner un coup sec pour emboiter le système métallique et le laisser prendre la continuité de la moitié de jambe de son patient. Brutalement, il sent une main s’abattre sur son épaule, l’impression qu’on essaye de lui briser les os sous son vêtement qui est pourtant épais. Il relevait les yeux pour découvrir le visage tordu de douleur de son compagnon. Il encaissait, ne jouant que de sa mâchoire pour faire passer l’inconfort. Ce n’était rien au niveau de la peine de Wyn. Il laissait un temps, avant de se redresser légèrement alors qu'il prenait les sangles en main pour les attacher et petit à petit, les resserrer autour de la cuisse du mage, sans prendre attention à ses plaintes. Il n'avait pas le choix.

Il restait silencieux un moment, laissant le temps passer et le souffle de Wyn reprendre un rythme plus stable. Jusqu'à finalement, poser sa main sur la sienne, plongeant son regard dans le sien « You good ? ».
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Wyn Ysciele
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Jeu 16 Aoû - 22:42


“I will never, never be the same.
I have seen stars.
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Fin de semailles 200 ❖ Wyn & Yildun
Il s’était habitué à voir Yildun à genoux devant lui. C’était toujours la même vision, la même répétition qui formait un quotidien déformé, anormal. Le prêtre à genoux au sol ou sur une chaise, et sa cuisse en travers de la sienne. Et ses yeux si perçants qui remontent vers Wyn, et l'épinglent sur la pierre, incapable de bouger, de se défendre. Réduit à geindre doucement sous les doigts de Yildun lorsque les linges retombent et exposent la chair sensible à la caresse de l’air et celle, intolérable, des soins du prêtre. Il s’y était habitué, et la gêne s’était dissoute dans les jours et les semaines. La douleur, beaucoup moins. La honte, pas plus. Rhil détourne les yeux comme toutes les autres fois, comme tous les jours dès qu’il sent les doigts d’Yildun sur son bandage. Prolongement involontaire de son épiderme.

Il a beau détourner le regard, pour ne pas supporter de voir l’atrophie de sa cuisse, c’est impossible de pas sentir, millimètres par millimètres, les geste de Yildun sur sa peau. Et malgré l’attente de la souffrance, il s’impatiente. Plus que savoir s’il peut à nouveau explorer son domaine et courir en tous sens, être indépendant et libre, il est tourmenté par la question de savoir s'il a bien raison. S’il a réussit. Si donner son âme à Hermaeus est un jeu qui en valait la chandelle. S’il a découvert un nouvel art de l’enchantement, acquis une nouvelle connaissance, si précieuse à ses doigts tremblants. Ou si l’échec est cuisant, s’il va tomber au sol la jambe raide et percluse de douleur, incapable de pleurer sous le choc émotionnel et physique, vertigineux et débilitant.

“ - Je sais ce qui m’attend.” Il se veut rassurant, la voix ferme, assurée. Il le sait. Il a perdu sa jambe, sans soigneur à ses côtés. Il a cru mourir, étranglé de douleur. En retrouver une ne peut pas être pire que la perdre. Il avait oublié ce qu’était la douleur à vif, à laquelle on ne peut se soustraide, qui électrise tout votre corps comme une torture. Comme quoi, chaque contraction musculaire n’était pas un supplice, la chair attendrie du doigté de Yildun. Non, le sursaut qui le prend ébranle tout son corps. Il a besoin d’échapper à la douleur mais elle enflamme tout son corps. Il ne peut aller nulle part pour échapper à son propre moignon. C’est un spasme réflexe, rien de plus. Un instant, il veut mourir. Tout plutôt que ça.

Il n’a pas de cri qui passe sa gorge, bien qu’il ouvre grand la bouche, si estomaqué qu’il est réduit au mutisme. Wyn s’accroche à l’épaule de Yildun de toutes ses forces, il s’agrippe à son vêtement, sans penser à l’épargner, il s’appuie sur lui. C’est un feu qui a des griffes d’épine et qui remonte sur sa cuisse, impérieux. Il secoue la tête, négativement. Non, cela ne va pas et il peine à happer l’air renfermé de son tombeau. Il secoue la tête, non. Mais la façon dont Wyn reste accroché à l’épaule du prêtre ne lui donne pas le choix que de rester à côté de lui. De laisser perdurer le martyre.

Wyn avale sa salive et croise le regard de Yildun. ”- S’il te plaît.” La douleur fait peine à voir dans son regard. Son menton tremble, et chaque mot lui coûte mais il continue, haletant. ” -  Aide-moi à marcher. “ Comme une question de vie ou de mort. Pas question de s’arrêter maintenant, plus maintenant. La souffrance ne s’estompe pas, mais il ne sent plus sa jambe, ni sa cuisse, ni son mollet. L’engourdissement se prolonge jusqu’au sol, jusqu’au pied de métal qu’il n’a pas encore posé. Les mécanismes luisent, et étincellent, renvoient leur propre énergie aux reflets dorés des meubles de la pièce. Ils s’éveillent et les rouages dwemers s’emboîtent et ronronnent, s’entraînent les uns aux autres jusqu’à commencé leur oeuvre et assouplir la prothèse comme si Wyn n’était rien de plus qu’un automate dwemer parmi les autres.

Wyn relâche la pression sur la clavicule de Yildun et ses doigts malhabiles lissent le tissu doré. Du pouce, il remet en place le vêtement, réchauffé par son étreinte. L’excuse balbutie à ses lèvres, il lutte pour se redresser alors qu’il est à moitié pendu à son cou. “- Je ne te demanderais plus rien…” Son souffle effleure la mâchoire du prêtre, et son pouce redessine son épaule, raide. De l’ordre, il passe à l’imploration, sa jambe vibrante de l’enchantement qui se mêle à son organisme qui se démène pour s’en défaire. ”- J’ai besoin de savoir.” Sa voix se libère, plus claire que jamais, que jamais depuis que Yildun l’a tiré de ses affres, envahie par la certitude inébranlable que sa vie se brise s’il ne tient pas sur ses jambes.


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Yildun Silvereyes
Yildun Silvereyes
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Ven 17 Aoû - 0:38

I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars.
Yildun pensait avoir tout vu dans sa vie de « médecin » même s'il n'en était pas un dans le sens courant du terme. Des malades, des écorchés, des brûlés, des taillés, des balafrés, ceux qui toussent et ceux qui sont éventrés par la guerre ou la vengeance. Il pouvait dire qu'il était parfois épuisé de ce métier, pourtant il le réalisait toujours avec la même patience et la même passion, presque un peu morbide pour les plus néophytes dans le domaine. Wyn n'était pas son premier amputé, loin de là, il avait quand même presque une vingtaine d'année d'expérience dans ce domaine. Et même quand il était un saltimbanque, il avait vu des accidents de charrette qui avaient mal tournés, pire, qui avaient coûté la vie à des hommes, des femmes et parfois même, des enfants. Pourtant, même si cela faisait autant de temps, cela ne voulait pas dire qu'il n'avait pas le pincement au coeur et parfois la boule au ventre de voir les gens souffrirent. S'il arrivait à cacher sa peine, c'était seulement pour ceux en détresse, pas pour lui-même. Il y avait eu des nuits, dans sa lointaine jeunesse, où il avait pleuré pour les corps qu'il avait eu à réparer.

La position qu'il adopte lui fait mal au dos. Elle n'est pas naturelle pour lui qui a pour habitude d'être droit en toute circonstance. Il plie volontiers l'échine, surtout pour le mage de Markarth qu'il apprécie particulièrement, malgré son humeur et son caractère, presque misanthrope par moment. La poigne de Wyn l'avait quitté, la sensation de battement dans son épaule, comme si un coeur y battait, alors que c'était simplement le sang qui recommençait son bout de chemin jusqu'au reste de son bras. C'était sa nuque qui supportait maintenant son poids, alors qu'il avait deux bras, deux avant-bras même fermement enroulés autour de lui pour l'empêcher d'être instable, lui permettant de respirer peut-être tandis que la douleur passait par vague en lui. Il reprenait son souffle, alors que le souffle à son oreille lui brise un peu le coeur. Il n'a aucune pitié pour Wyn, seulement de la compassion et de l'empathie. Un tintement significatif accompagne les mots du mage, un carillon métallique comme il n'en avait jamais entendu vient l'avertir que quelque chose fonctionne. Il espère que ce soit la merveille de Wyn. Pourtant, il n'ose pas se prononcer, de peur de dire une idiotie est brisé le rêve de Wyn.
Lentement, ce sont ses doigts qui viennent se poser sous les omoplates de l’autre, cherchant une certaine stabilité. Même s’il n’était pas particulièrement massif et qu’il avait perdu du poids depuis l’accident, Wyn n’était pas non plus léger comme une plume. Les muscles revenaient, lentement, l’appétit avec -ou en tout cas, quand Yildun surveillait qu’il mangeait ce qu’il lui apportait. « Tiens-toi à moi. » Les pardons et les supplications, il n’en veut pas, même si le prêtre sait que c’est normal d’en recevoir. C’était le moment de vérité, même s’il n’était pas concerné, son cœur battait de manière plus sourde dans sa poitrine, angoissé de voir l’échec se révéler à eux et provoquer une nouvelle détresse chez son ami d’enfance.
« Essayons déjà de tenir debout. » Cette fois-ci, il ne lui demandait pas s’il était prêt. Il avait compris que s’il osait demander une fois encore, il risquait d’égratigner la patience de Rhil. Ce qui risquait de rendre l’expérience contre-productive, dans le pire des cas, faire échouer son patient. Toujours mal positionné, il poussait sur ses jambes, le relevant avec lui, le souffle coupé alors qu’il se redressait bien droit. Poitrine contre poitrine. Battement contre un autre. L’inquiétude et l’impatience en harmonie.

Pendant un temps, presque infini, pourtant ce n’est qu’un bref instant, il n’ose pas bouger, il n’ose pas le lâcher. Parce qu’il a peur de le voir s’effondrer au sol, parce qu’il lui arrive d’être égoïste ; que sentir un autre être humain contre lui, ça a quelque chose de positif sur lui. Mais il se remet en branle, remarquant que Wyn semble tenir. Un soulagement. A hauteur égale, ce qui annonçait déjà une chose, une bonne chose : elle était à la bonne taille. C’était une victoire. Petite, immense, magnifique. Elle fonctionnait, il pouvait le voir en baissant les yeux entre eux pour voir les rouages bouger tranquillement et elle était à la bonne hauteur. Il ne lui restait qu’un dernier test à passer. Est-ce qu’elle se pliait, est-ce qu’elle marchait, est-ce que Wyn pouvait être un homme « entier » de nouveau. Il n’aimait pas ce terme, mais il savait que les gens comme son patient, ne se considéraient plus comme de vraies personnes. Seulement comme un objet brisé, cassé, inutile. Il échangeait un regard avec lui, inspirant fort, sa poitrine se gonflant. La dernière ligne droite.

Avec douceur, il laissait glisser ses mains de ses omoplates à ses dessous de bras, alors qu’il se laissait reculer d’un pas, puis d’un second. Jusqu’à ce que leurs paumes de mains se touchent. Finalement, leurs peaux se séparent. Il n’y a que deux pas entre les deux. Si Wyn tombait, il pourrait aisément le rattraper. Mais ce n’est pas ce qu’il souhaitait. Il espérait voir le miracle se produire devant ses yeux ébahis, presque comme un père observant son enfant faire ses premiers pas. Mais Wyn n’était pas son fils, il était son ami, son patient, son âme écorchée qu’il avait envie de chérir et de soigner pour qu’il puisse de nouveau courir dans les ruines Dwemers et montrer son génie a tous. La salive passe difficilement sa gorge, son œil encore valide, faisant des voyages entre le visage du mage et sa jambe qui se mettait en branle, le soutenant dans sa démarche, s’activant, se pliant, se soulevant. Il bouge en même temps, il suit son chemin par avance.
Il marchait. Wyn marchait. Il se retient d’avoir un cri de joie, pourtant c’est une expression de joie, d’étincelle dans son regard que l’on peut voir. « You did it ! » Lâchait-il dans un souffle, suffoquant d’admiration pour ce qui se produisait devant ses yeux. Il l’atteint, le touche de nouveau et il le soutient. C’était une véritable accolade, il voulait se contrôler, mais sa force ressortait alors qu’il serrait fort contre lui le mage « You did it… ».
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Wyn Ysciele
Wyn Ysciele
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Lun 3 Sep - 23:31


“I will never, never be the same.
I have seen stars.
Real stars.”
Fin de semailles 200 ❖ Wyn & Yildun
Le mutilé et le saint respirent dans un même souffle. Wyn est pendu au cou d’un pilier instable, et s’appuie sur lui sans ego.  Wyn ne pense pas une seconde à la vision qu’il doit donner. Il s’est toujours moqué de l’avis des autres, lui l’original de Markarth, le gamin des rues trop bien lotis, l’érudit qui ne surgit de sa grotte que sous le regard mi-moqueur et mi-tendre des bretons qui l’ont vu grandir. Les tâches, les cheveux hirsutes, la barbe de cinq jours et le jugement des bras croisés sur le satin de Bertil, le mélange d’os saillants et de musculature qu’on veut entretenir. Le génie mal compris, bien aimé. Il est toujours l’objet de murmures, mais perdu dans son monde, il n’en a cure.
Appuyé qu’il est contre Yildun, il entend le cœur du prêtre aussi discordant que le sien. Il l’entend, le battement du sang qui pulse contre ses tempes et dans sa cuisse atrophiée. Il est en vie et ça fait un mal de chien. Réaliser son rêve à un goût doux amer, de sang ferreux contre sa langue, de bile dans chacun de ses souffles. Mais cela suffit à le maintenir debout, tout tremblant dans les bras de son compagnon. Le miraculé sacrifié respire dans son cou, haletant pareil à un bœuf qui va à l’abattoir. L’acte si simple de tenir debout l’ébranle et l’épuise. Mais il est debout et combattre contre l’impossible, rivaliser avec les aedras, accomplir l’irréalisable lui donne des ailes. Il n’aurait pas pensé avoir droit à une résurrection, il n’aurait pas pensé supporter Yildun comme une respiration dans sa poitrine éventrée. Douloureuse, mais nécessaire, un supplice, mais que l’on savoure. Lentement ses mains glissent de son cou à son torse, cascade de caresses légères et empruntées.

Il s’est au moins épargné l’erreur du débutant, la jambe plus longue que l’autre, le pas de guignois. Il ne se rappelle pas avoir pris des mesures, d’y avoir pensé : ses doigts et ses schémas enfiévrés guidés par une connaissance plus féroce, qui se languit d’être réellement omnisciente et qui ne possède que le degré minimal de pitié pour les corps qu’elle harcèle, juste la pitié nécessaire à leur fonctionnement.
Wyn sent ses mains toucher les siennes, et réactiver des sensations enfouies sous les cals et les cicatrices, sous la température de ses mains seulement habilitées à sentir le froid métal. Leurs doigts liés qui se délient et l’espace qui reprend entre eux. Le miracle à conquérir. Wyn ancre son regard au sien, essaie d’oublier pour un bref instant le reflet difforme qu’il doit renvoyer, et les stries de larmes noyées dans les fourrures, presque tatouées sur ses joues. Il ne regarde que l’œil unique d’Yildun, et ne le voit pas quand il serre les dents et fait un pas en avant, le menton relevé. Mettant l’univers au défi de sa création. L’enchantement a clairement besoin d’ajustements, de réglages. Le poing libre de Wyn s’ouvre et se referme le long de sa cuisse, dans le léger bruissement de chair contre le tissu. Mais l’articulation est mobile, bien plus qu’il n’y pensait, et la douleur est de mise, les griffes de la prothèse mordant sa chair sensible. Lorsqu’il faudra enlever le mécanisme de son moignon, il pissera le sang pendant des jours. Pour le moment, son bras raidis par les nerfs à vif, de la cuisse jusqu’au bout du pouce, il tend la main vers Yildun. Comme un spasme les doigts s’effleurent et se libèrent, et Wyn avance, traverse le dallage sans que le pied mécanique ne ripe et l’envoie s’écrouler tout pareil à une ruine contre le prêtre.

Il se laisse enlacer sans pouvoir faire un pas de côté, les bras du prêtre font résonner un écho en lui, le font vibrer comme les cathédrales dwemers vide. Il est sous le choc – il s’en rend compte à retard, blottit qu’il est dans l’étreinte. Il ne s’agit plus de s’enlacer avec douleur face à l’exploit qu’ils ont à faire. Wyn s’effondre mais il reste droit. Le mutilé et le saint respirent dans un même souffle, étreint comme des statues névrosées, taillées par des scientifiques fous, ou des daedras acquis au sens du sublime ; faites de tissus cicatriciels, de métal et souvenirs doux-amers, les statues entrelacées, fissurées, dont l’une et l’autre s’effondre sans le soutien de sa jumelle. Qui du câlin inextricable se recollent et se soudent. Il est affamé de cette accolade qui n’en finit pas et qui n’a rien à voir avec l’agonie précédente. Wyn avait oublié qu’il avait besoin plus que le geste chirurgical, plus que la compassion sans borne de l’homme qui est le seul à espérer qu’un corps sauvé vaudra le coup face aux montagnes de carcasses et d’esprits déchirés. Plus que la compagnie d’un apprenti, et l’inquiétude d’une mère. Il avait oublié qu’il avait un corps et ne s’en rappelle que lorsque celui-ci est une lourdeur brisée.  Plus que sa jambe, c’est l’étreinte qui lui redonne vie et refait de lui un homme. Non, pas une seule fois Yildun ne lui a donné à penser qu’il n’était qu’un corps à réparer, sans être une âme. Mais la fierté dans la voix du prêtre apporte la clef du puzzle à l’érudit misanthrope – il y a la même fierté entre le guérisseur et le scientifique devant l’expérience accomplie. Wyn est sujet d’une expérimentation à chair humaine – mais c’est plus logique pour lui que l’effet de l’étreinte de Yildun et de sa joie sauvage. Cela pourrait lui être bénéfique à long terme, quand quelque chose en lui se rompt et que Wyn rend maladroitement le geste à son ami d’enfance, se pressant contre sa poitrine, étourdi d’un soulagement sans nom, d’une communion qui lui tombe dessus sans que son esprit rationnel s’y soit attendu. « - J’ai réussi. » Il répète les mots de Yildun, la fierté mordante, le sourire ravageur tellement oublié revenu. L’hybris risque de lui nuire, à écarter l’ombre de Hermaeus de sa prouesse. Mais pour un instant, c’est l’inventeur ingénieux qui demeure, et l’homme qui brûle d’enlacer l’homme de la déesse.

Wyn laisse retomber ses bras et se drape dans sa dignité, s’écarte sur sa béquille de métal vacillante. Quand il retourne son visage vers Yildun, les bras ballants, il reste muet un instant ; encore submergé par les larmes nouvelles qui pointent dans les pattes d’oies au coin des yeux. Et la vague déferlante de ce qu’il a accompli. Ont accompli. Peut-être que Yildun n’était qu’un instrument, qu’il l’a sauvé pour accomplir les projets du tentaculaire, mais lorsque les deux hommes se sont étreints, ils ont scellé quelque chose. Mais Wyn avale sa salive et secoue la tête, se recule. « - Pas encore. » Wyn réfute l’allégresse d’Yildun, d’une voix qui serait plus tranchante s’il lui restait quelques forces dans la gorge. Le refus ( le besoin d’expérimentation scientifique, le besoin de pousser les conclusions et d’observer le phénomène jusqu’à son point de rupture. Le phénomène étant lui-même. ) s’étrangle dans ses cordes vocales qui se chargent de dissiper la sècheresse voulue dans son intention. « - Pas encore. » Il répète, et cette fois Wyn est capable de relever les yeux, de fixer le regard entoilé d’or vers un point fixe. Une arche de pierre – qui s’ouvre sur un autre corridor, des salles aux grilles dorées et aux sols de pierre, puis un petit escalier de pierre qui volte et virevolte vers l’extérieur. Heureusement qu’ils sont déjà aux tréfonds de son repaire, sinon il mourrait en chemin encore.
Il s’avance jusqu’en bas des marches où nul dwemer n’a jamais pensé à mettre des rampes. Il boîte. Il doit saigner. Il souffre. Il avance – et ses doigts se crispent sur la pierre parfaitement lisse qui encadre l’escalier, le regard comme toujours porté vers le ciel, les étoiles, depuis les profondeurs clairvoyantes. « - Quelle heure est-il ? » Il y a mille clepsydres dwemer qui comptent les nuits et les heures de travaux dans ses laboratoire. Mais c’est la première fois qu’il pose cette question à Yildun.

Wyn quitte l’escalier des yeux pour se tourner, interrogatif vers le guérisseur. Il tend sa main libre – et vacille, de s’appuyer ainsi sur le mur et sa jambe du même côté, et il exhale lourdement. Mais il a peut-être aussi besoin de l’ancrage des doigts du prêtre, du rappel de la chaleur et de la vie, de ce plan auquel il n’appartient plus tout à fait. Et tendre son bras à Yildun consiste sans doute la plus douce forme de demande que Wyn ait fait à quiconque d’autre que sa mère. Il ajoute comme une confidence, une malice revenant peu à peu, cherchant à dissiper la douleur sourdre qui fait crisper ses mâchoires sous la barbe trop longue. Chaque mot prononcé est un choix, une lutte contre l’envie de hurler ou de se taire les dents brisées. Mais, mot après mot, il se lie à Yildun, le regard étincelant. « - Avant que tu dises quoi que ce soit, l’énergie de la gemme finira par se dissiper, je dois vérifier ses capacités. J’ai besoin de ça. »


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Yildun Silvereyes
Yildun Silvereyes
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Dim 28 Oct - 19:31

I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars.
Il avait réussi. La joie qui remplissait la poitrine d'Ithan était d'une nouveauté tout à fait saisissante. Il avait déjà aidé des estropiés de bien des manières, mais jamais il aurait espéré quelque chose d'aussi miraculeux. D'aussi… Il ne pensait pas immédiatement à une possibilité qu'il avait envisagée, posant sur sa vision un voile pour se tromper. Bien sûr, la construction d'une telle merveille qu'était la jambe de Wyn… Cela n'avait rien à voir avec leurs avancées. C'était quelque chose de divin… quelque chose de presque maléfique. Et les tâches dans les yeux du mage de Markarth le conforter dans cette idée qu'il avait été guidé par une divinité néfaste. Mais à cet instant, Yildun refusait de voir ce problème dans l'immédiat. Il avait sous les yeux, un homme qui marchait, un homme qui revenait à la vie par la science et la magie, malgré l'émotion, il ne peut s'empêcher de trouver de magnifiques couleurs parcourir le visage de Wyn. Il était un homme nouveau. Encore blessé et la douleur devait être quasi-insoutenable à cause de ce corps étranger supportant son corps. Il ne le prononce pas à voix haute, mais il murmurait, presque les lèvres scellées des prières de remerciement à Kynareth pour l'aide qu'elle lui avait apporté.

Il finit par le relâcher, il ne voulait pas oppresser plus que nécessaire le mage. Immédiatement, Yildun se tendait, inquiet de le voir toujours tenir debout. Son corps était épuisé, il n’avait pas besoin d’avoir même des notions en médecine ou guérison pour le voir. Il devait se reposer, c’était déjà énorme ce qu’ils venaient d’accomplir. Ce que Wyn venait d’accomplir. Il fronçait les sourcils en l’écoutant répéter la même chose. Que voulait-il dire ? Qu’est-ce qu’il voulait faire maintenant ? Le guérisseur et prêtre se pinçait un peu les lèvres. « Wyn, mon ami, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne... Wyn. »Mais déjà, il disparaissait. Il observait attentivement sa démarche. La longueur de la jambe semblait la bonne, car il ne semblait pas être trop petite ou trop grande par rapport à sa jambe. Il claudiquait, comme n’importe quel… infirme. Mais ce que Yildun trouvait impressionnant c’était qu’il est la force pour tenir encore débout et encore plus pour ne pas l’écouter en plus de le fuir vers des marches à quelques distances d’eux. Il l’appelait, se demandant où est-ce qu’il voulait courir comme ça.
Il finit par s’arrêter avec lui demande ses marches, relevant les yeux vers l’escalier sans rambardes se dévoilant devant son œil. L’ancien saltimbanque sent un frisson parcourir son échine. Comme pour le prévenir que le mage avait encore une idée qui n’allait pas lui plaire. Prêt à ouvrir la bouche pour l’arrêter dans l’idée qui venait de pondre dans son esprit, Yildun est interrompu. Un peu surpris de la demande de son compagnon. Il le regardait, cherchant toute trace de la suite qu’il allait lui dévoiler. Mais Ithan s’ébroue un peu, secouant un peu la tête, essayant d’utiliser son regain d’énergie pour se concentrer sur sa demande. « Je ne… euh… Il doit être tôt, la nuit doit encore couvrir les yeux de tous. » Oui, le soleil ne devrait pas commencer son levé avant une bonne heure d’après ce qu’il savait dans l’instant. « Mais Wyn… » De nouveau, sa supplique meurt dans sa gorge quand il voit sa main lui être tendu. C’est un regard douloureux qu’il remonte vers son ami d’enfance, écoutant sa demande avec toute l’attention dont il était capable. Un bref instant, il reste hébété, avant de regarder les escaliers, puis Rhil, puis de nouveau les marches pour terminer par les doigts de Wyn.

Une dualité s'installait dans le regard du prêtre de Blancherive. Non, c'était trop… C'était dangereux, Wyn pourrait glisser, s'évanouir, la prothèse pourrait arrêter de fonctionner, par Kynareth il avait mille raisons médicales ou non de lui refuser ce qu'il lui demandait. Pourtant, il ne voit que la malice dans les yeux du mage et sa vie a laquelle il tient tant qui vient de revenir dans sa poitrine. D'un autre côté, il savait que Wyn avait raison. Que la gemme dût être mise à l'épreuve. La gorge sèche, il se sent poussé par une force invisible. « D'accord… » Il scelle ses mots de sa main venant prendre celle de l'autre, entre force et tendresse. Ses doigts se liaient au sien avant d'inspirer lourdement tout en expirant en jetant un coup d'œil à leur chemin. « Let's go. Et… » Il s'arrête dans sa phrase, d'un ton qui se veut être une suggestion appuyée sans aller jusqu'à l'ordre. « A ton rythme. » Pas de folie. Pas de précipitation. Ce n'était pas une négociation. Parce que lui-même n'était pas au mieux de sa forme malgré son endurance, il devait être certain de pouvoir suivre le rythme en plus de pouvoir le soutenir et intervenir s'il se passait quelque chose.

Ainsi ils commençaient leur ascension vers le sommet qui n'attendait qu'eux. Il ne savait pas si c'était si loin que ça finalement, mais avec ce poids supplémentaire, cela lui prenait beaucoup d'énergie de monter. Ainsi, c'est dans un silence concentré qu'ils grimpaient. Pendant de longues minutes que Yildun ne s'était pas amusé à compter. Si longues, qu'il se déconcentre seulement quand il sent l'air frais venir rafraichir leurs visages. Yildun détournait le visage vers son compagnon, lui offrant un sourire encourageant. Ils y étaient presque. Encore un petit effort. La gemme fonctionnait toujours, assez bien pour l'instant. D'autres minutes passèrent avant de finalement arriver à destination. Derrière des rideaux accrochés qu'ils franchirent, c'est un vent doux et encore plus frais qu'il avait pu sentir qui accueille les deux hommes, ainsi qu'un magnifique ciel étoilé et sans nuage au-dessus de leur tête. Soutenant toujours Wyn, il l'approchait au plus près du balcon, pour qu'il puisse s'appuyer sur les pierres devant eux. Yildun fermait les yeux, un bras serrant toujours la taille de Wyn depuis qu'ils n'étaient plus dans les escaliers. « You did it again… » Soufflait-il au mage, avant de rouvrir les yeux sur lui. Il observait attentivement l'autre, inquiet et attentif. « Comment tu te sens ? »
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Wyn Ysciele
Wyn Ysciele
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Jeu 1 Nov - 23:12


“I will never, never be the same.
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Real stars.”
Fin de semailles 200 ❖ Wyn & Yildun
La montée du calvaire s’est faite en silence, tendu, haché et achevé uniquement par les respirations et les pauses imposées. Les silences sur les étroites marches de pierre, polies par les semelles. L’impossible abandon. Pour les cris des muscles de Wyn, la sueur qui goutte à son front, cavalant le long de l’arrête de son nez, et pour sa poitrine oppressée, sa jambe qui tressaille sous la tension, ils auraient tout aussi bien pu se battre à mort, épée en main ou faire l’amour dans une alcôve. Mais pas pour son cœur exalté. Wyn est galvanisé, électrisé par sa réussite, qui lui fait la tête légère, comme ivre, ou bien est-ce l’épuisement magique, physique et émotionnel qui prennent le dessus. Prendre le difficile pour l’impossible était une erreur commune des néophytes. Retrouver dans les pierres et les mécanismes, les engrenages et les textes le délire impossible des dwemers, pleins de défis face aux lois qu’ils ne comprenaient pas encore serrait toujours la gorge de Wyn, lui asséchait les lèvres. L’envie et l’admiration. Il venait de commettre l’impossible. Wyn, non : les discrètes suppliques de Yildun à ses côtés, comme intimidité par le mur buté qu’opposait Wyn ou par le miracle qui le soutenait. Wyn non : et le paradoxe dans la façon dont l’œil unique du prêtre s’ancrait à son âme. Wyn non : des milliers de refus, d’interdictions, de risques, de peurs, d’impasses. Il l’a entendu mille fois, mais on ne pourra plus lui dire. A présent, une divinité de mauvaise augure, aux longs tentacules est perché derrière son épaule, à veiller sur chacun de ses gestes, et il a franchi la frontière de l’impossible, au-delà du voile.

Il égrène dans sa tête pour ne pas devenir fou, pour ne pas lâcher un hurlement de souffrance ou des pleurs de frustration. Il n’avait guère le choix de son rythme en réalité. Il égrène : la façon dont Yildun tient sa main et parfois sa main qui se hasarde dans son dos pour le souvenir. Sa patience et le lien incompressible qui a scellé leurs doigts étreints les uns aux autres. L’angle de sa mâchoire quand il le soutient. Les bruits des robes et tuniques qui se frôlent. Il égrène : tout ce qu’il a à faire comme modifications sur la prothèse qui cisaille son corps de douleur. Les notes qu’il doit prendre, avec avidité, tout ce qu’il ne doit pas oublier. Il égrène : les constellations du ciel de Semailles qui doivent les attendre. Cela l’occupe, empêche l’obscurité d’envahir son esprit. Il égrène : c’est moins pire que perdre sa jambe. La douleur est toujours aussi féroce, comme des crocs sur son moignon, mais il n’y a pas de panique qui comprime son cœur, pas de terreur absolue, par de sanglots d’enfant effrayé par le noir, la mort et la solitude.
Il y a une sortie, cette fois.
Il a un guide, cette fois.

La vieille tenture mordorée est rêche sous ses doigts, lourde sous la faiblesse de son bras. La première bouffée d’air nocturne est une gifle qui pourrait lui faire tourner de l’œil. La vision du ciel étoilé au-dessus d’eux est une résurrection. Sorti de son tombeau de pierre, Wyn reprend vie, la malice brûle ses poumons, ses yeux pétillent, embué de larmes. C’est le froid de Semailles.

Leurs doigts sont difficiles à dénouer, mais Wyn libère ses mains pour s’appuyer sur la balustrade de pierre et inspirer profondément, la poitrine oppressée. Les doigts de Yildun l’ont tiré de la nuit et de l’eau, comme si à nouveau il l’avait extrait des profondeurs, étreint jusqu’au cœur. Wyn ne pensait pas avoir encore dans le corps la force avec laquelle il avait serré les doigts de Yildun, à croire que sa détermination se trahissait dans ses membres. Maintenant ses doigts sont engourdis, exsangues. Il a de la poussière de pierres millénaires sous les ongles à s’être agrippé au mur pour se hisser presque à la force de ses bras, à la force de Yildun en haut des centaines de marches. Cela marchait. La gemme palpitait encore à son mollet, faisant coulisser les mécanismes subtils. Cela tenait bon.
« - Que Juli… » Le murmure de soulagement pur qui lui échappe s’étrangle dans sa gorge, comme un mourant qui tente de faire des gargarismes. Il faut quelques instants à Wyn pour retrouver l’usage de sa glotte et la capacité à respirer, penché au-dessus du balcon. Son regard ne se perd pas vers le vertige d’en-bas et la chute, mais il a le regard tourné vers le ciel, la tête renversée vers le ciel.

Ils étaient seuls, bien au-dessus des profondeurs de la crevasse où s’était établie la cité de Markarth, en contre-bas de l’à-pic rocheux où ils se trouvaient. A leur droite, une autre tour, aux escaliers bien plus escarpés. L’observatoire. A gauche on pouvait apercevoir la fin du balcon, amputé par les torrents de la cascade Karth. Wyn ne voit rien de cela, ne réagit pas à la larme qui coule de ses yeux méphitiques épuisés. « - J’avais cru ne jamais les revoir » Les nuits étaient encore fraîches, mais l’air est vivifiant – au sens littéral, après la longue agonie souterraine. Cela faisait des mois que Wyn n’avait plus les constellations s’étaler dans les nuées. Il avait cru mourir sous terrain et depuis, il n’avait guère repris conscience à l’air libre. Cela n’avait été que de très longues funérailles.

Lui et Yildun se joignent des yeux, à rebours et Wyn se fend d’un sourire de satyre. Vainqueur, triomphant, coruscant, malgré la fatigue au coin de son visage tiré. « - Bien sûr que je l’ai fait. » Comme s’il l’accusait de douter de lui. Il avait brisé les règles ultimes et il le défiait de le souligner, de lui reprocher, de le blâmer autre chose que sur son intelligence. Il est pris d’un frisson à une bourrasque et s’appuie contre Yildun pour garder son équilibre, s’abandonne contre son torse. Il était trop faible, trop las pour rechigner par pudeur. Il s’appuie à son épaule ; « - Le banc de pierre… » L’ascension et le grand air ont ramené des couleurs à son visage livide et cerné, presque phosphorent sous les lunes. Avec un temps de retard, Wyn tourne vivement la tête vers Yildun, le regardant comme pour la première fois. L’une de ses mains s’agrippent à sa taille, l’autre à son épaule, se maintenant debout contre lui en haut du monde. « - Tu as l’air d’un homme mort. Est-ce que ça va ?» Il semble se rappeler qu’il doit demander, oublié qu’il n’a pas répondu. C’est la première fois depuis vingt ans qu’il revoit Yildun, sans les ombres et lueurs que jettent lumières artificielles et fièvres sur son visage.

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Yildun Silvereyes
Yildun Silvereyes
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Dim 25 Nov - 19:00

I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars.
Tout ceci n'est que folie. Mais cette aventure avait fonctionné. Chaque jour, Yildun se demandait comment cela se faisait qu'il avait réussi non seulement à sauver la vie de Wyn, mais aussi à lui permettre de reprendre lentement le contrôle de celle-ci. Il était assez humble pour ne pas s'en féliciter devant qui que ce soit, mais oui, il était assez fier de lui. Il avait sauvé la vie d'un homme qui lui était précieux, cela ne faisait qu'adoucir la fatigue qu'il pouvait ressentir depuis tout ce temps. C'est après un instant qu'il remarque le sourire victorieux de Wyn à côté de lui, l'air d'un chenapan, la défiance de l'homme qui défit les dieux et qui a une chance de pouvoir les mettre en échec. Il ne pouvait pas reprocher à son compagnon d'avoir ce sentiment de puissance, car il devinait aisément la souffrance que devait surmonter le mage à cet instant. Il était même étonné qu'il ne soit pas tombé dans les pommes sur le chemin. C'était même anormal… Un sentiment désagréable parcourait l'échine du prêtre qui pouvait sentir les desseins d'une puissance sombre s'emparer de l'esprit et du corps de son ami, lui retournant le ventre, lui tordant les entrailles.

Si ce n'était que ça. Mais Wyn est lourd dans ses bras. S'il tient sur ses jambes il reste un poids à moitié mort tant qu'il ne pourrait pas se débrouiller tout seul. Yildun sent sa colonne vertébrale et ses bras tenaient celui privé d'une jambe de chair et de sang. Était-il plus lourd avec cette prothèse ? Question sans réponse, question qui ne traverserait jamais ses lèvres. Il avait beau être assez fort et solide pour supporter son poids, il n'était qu'un homme endurant la fatigue, il ne pouvait la surmonter même avec toute la bonté et la bénédiction de Kynareth. Il laissait l'air frais de la nuit rafraichir son visage et sa nuque alors qu'il se sent suer sous ses vêtements. Si c'était une sensation dont il avait l'habitude, ce n'est pas pour autant qu'il l'appréciait. Pourtant, son regard se porte jusqu'au banc de pierre. En voilà une bonne idée. Son corps a besoin de se reposer. Même un bref instant, même s'il doutait réellement de pouvoir se lever de nouveau pour porter Rhil afin de le descendre de nouveau dans les galeries sombres du mage de Markarth.
Le borgne lui portait un regard interrogateur tandis que ses lèvres s'étiraient dans un sourire presque moqueur. En voilà une question tiens. Yildun secouait la tête, n'enclenchant aucun mouvement en direction de ce fameux banc de pierre qu'il refusait de regarder plus longtemps. Il avait tout de même sa fierté, il n'avait aucune envie de s'asseoir, surtout pas après la remarque de Wyn. Il tiquait doucement, rictus en coin, avant de plonger son regard envers l'éclopé qui lui faisait face. S'il le lâchait soudainement, il se demandait qui serait celui qui ressemblait à un homme mort ? Sans vouloir s'avancer, Yildun était quasiment sûr de gagner ce pari. Son regard unique brille presque dans la nuit alors qu'il entend le vent se répercuter contre les roches plus basses, offrant un concert mélancolique à leurs oreilles. « Et c'est toi qui me dis ça ? Je me sens bien. » Il arquait un sourcil, entre provocation, taquinerie. S'il voulait jouer à ce jeu-là, il pouvait être son partenaire de jeu. Sa langue venait humidifier ses lèvres qui commençaient à sécher à cause du vent s'engouffrant dans la porte par où ils étaient apparus. « Je me permets de répéter ma question. Comment tu te sens ? » Car il avait une fabuleuse idée.

Dans le dos de son ami, il y avait un escalier, tout juste assez grand pour laisser deux hommes montés ensemble sur les marches. Au bout, on pouvait apercevoir une autre tour où personne n'avait dû aller depuis des mois, depuis… l'accident de Wyn en somme. D'un mouvement de son bras qui le tenait toujours par les hanches, il l'invitait à pivoter un peu avec lui, alors qu'il pointait de son index devant eux, ce lieu que soudainement, le prêtre de Kynareth brûlait de connaître. Il laissait un petit instant passer entre les deux hommes, le temps que l'idée fasse son chemin dans l'esprit du mage. C'est la voix basse, plus grave et chaude Yildun qui vient rencontrer le creux de l'oreille de son partenaire, un ronronnement au fond de la gorge, un ton presque lancinant venant murmurer aux oreilles de Wyn. « Qu'en penses-tu ? » Il savait où Yildun voulait en venir. Il connaissait l'amour du mage pour les étoiles et le ciel. C'était coquin de la part du métisse de jouer sur une des cordes sensibles du blond, mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Et puis, il ne faisait de mal à personne. Et la possibilité de provoquer l'excitation intellectuelle de Wyn contre qui une partie de ses hanches étaient collées. Cela lui redonnait toute l'énergie dont il avait besoin pour l'y emmener.
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Wyn Ysciele
Wyn Ysciele
Mage
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Mar 4 Déc - 20:00


“I will never, never be the same.
I have seen stars.
Real stars.”
Fin de semailles 200 ❖ Wyn & Yildun
Il sent tout le bas de son corps comme en feu, comme saisi entre des serres qui lui arrachent la peau, les membres, et l'attirent à soi. Et à côté, il y a le soutien de Yildun contre lui, et au-dessus de sa tête, le ciel étoilé infini, sous leurs pieds la ville de Markarth qui illumine la Crevasse de ses premiers flambeaux, dispersés dans la roche comme des étoiles. Wyn ne s’attarde pas sur la douleur alors qu’elle l’enveloppe et assourdit chacune de ses pensées. Il ne s’attarde pas sur le fait qu’il est impossible qu’il tienne encore debout, que le miracle est aberrant, monstreux. Son corps est animé par une puissance qui n’était pas la sienne, carcan de liens sombres qui maintiennent ses jambes en place, mais l’empêchent aussi de fuir, d’arrêter. Markarth est hypnotique sous eux, la rivière Karth reflétant le ciel de nuit clair, où le soleil commence à descendre. Cela vaut le coup, le sacrifice. Il a le “cela” sur le bout de la langue, mais il est balayé par l’effort de s’inquiéter pour son ami.

Et de se faire aimablement remballé. Il y a une certaine jouissance, malicieuse, dans le plissement de son visage, éberlué par la répartie de Yildun. Il avait oublié. Il avait oublié tout ce qui n’était la patience de saint, et le regard aveugle sur son corps, et les mains qui parcourent ses cuisses comme des parchemins fatigués à polir et masser. Il avait oublié l’enfance, il ne se souvient que de la chouette et de la tresse humide sur son épaule quand il l’appelle au secours, étranglé d’humiliation. L’amusement adoucit sa fatigue, comme une brise sur ses traits tirés. Le rire s’enroue dans la gorge de Wyn, et il ne rit pas tout à fait quand il baisse les yeux pour rappeler en lui ce qui lui reste de force. Quand il relève à nouveau les yeux, observant Yildun par-en dessous, l’étincelle est brièvement ravivée dans ses yeux.  “- Vivant.” Il lui concède, la taquinerie ronronnante sous l’aspect trop confiant du mage. Et c’est Yildun qui se refuse le banc par fierté. Si Wyn s’y effondre, il craint que ce qui l’habite ne lui échappe et être incapable de redescendre. Et l’infirme refuse d’abandonner le premier, aussi tête de mule que lorsqu’ils jouaient à l’auberge étant gamins.

Il n’entend pas Yildun de suite. Wyn est perdu dans le tumulte de l’envie et de la détresse qui troublent ses yeux mordorés. Il  a une larme qui suinte au coin de son oeil, de froid, de fatigue, d’un sentiment ineffable qui monte en lui. Les marches de pierre l’hypnotisent tandis que la Tour se détache dans le ciel des hauteurs. Wyn frissonne sous la voix de Yildun, la chaleur de son souffle se transmettant directement à sa peau, à son âme malmenée et frigorifiée. Il sort de sa transe, pour entrer dans une autre et il ferme les paupières un instant. Sous les cils clairs, il n’y a plus de visible que le départ de l’escalier en colimaçon. Ne voir que le début et le résultat, pas la torture entre. Peut-être qu’il se fait manipuler, mais il n’envisage pas de dire non. “- Et c’est toi qui me dis ça ?” Il tente d’imiter le velours de la voix du prêtre, mais sa voix porte encore les sévices des cris et des pleurs, des mutismes et des somniloquies. Le jeu revient à ses lèvres, comme la chaleur d’une étreinte, comme l’étincelle d’excitation intellectuelle qui vous tient éveillé, au-dessus d’un grimoire, toute la nuit durant.  La réalité c’est qu’il aimerait  aller seul, fièrement, que son corps le démange, qu’il aimerait défier Yildun à la course, mais c’est impossible.

Le temps qu’ils parviennent au sommeil, la nuit est tombée entre les arcades qui soutiennent la coupole au-dessus du vide. Rhil se souvenait de son toit en coupole, bleu nuit pailleté d’étoiles dorée, et le mécanisme dwemer que son mentor avait découvert en morceaux, qu’ils ont patiemment remonté jusqu’à voir les rouages tourner sous les lunes. Rien n’a changé sous la nuit. Wyn s’avance vers le télescope, tenant encore sur ses jambes, seul et la brise séchant la sueur sur son buste. Rien n’a changé. Ses doigts écartent la poussière qui ternit le métal, essuyant, d’abord avec la tendresse d’un amant, puis frénétiquement. Le sourire danse sur ses lèvres, il y a une joie simple qui brille dans ses yeux à l’idée de partager son repaire, pour la première fois. Il relève la tête, trop vite, la tête lui tourne. ”-  Tu imagines Yildun… lorsque les dwemers fourmillaient dans la ville, et que leurs scientifiques venaient étudier les étoiles, au point le plus… ” Sa manche est grise de poussière lorsqu’il se rattrape au rebord de pierre. Les étoiles tourbillonnent au-dessus de lui, autour de lui, en lui, comme lorsqu’il était mort. Mourant, dans la neige avec seulement l’oeil de Yildun comme soleil unique. Il sent sa jambes valide céder sous lui, entraînant le poids mort de son corps avec lui et il s’entend glapir ”- Yil…” Il se rattrape au sol, assis le dos contre la pierre, froide, sans âme sous ses doigts. Et il le cherche du regard.

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Yildun Silvereyes
Yildun Silvereyes
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Sujet: Re: I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn Sam 12 Jan - 17:52

I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars.
N'était-ce pas presque trop facile de provoquer le mage ? Aussi simple qu'un jeu d'enfant, il n'avait pas changé depuis qu'ils traînaient leurs pattes dans l'auberge avec presque une trentaine d'années en moins. Même si sa voix était meurtrie par les hurlements de douleurs, si ses yeux étaient trop secs à cause des larmes, son corps trop fatigué pour réellement courir dans les escaliers pour monter au plus au point des appartements des anciennes ruines. Il n'y avait que lui qui devait y monter et se doutait sûrement des nombreuses nuits qu'il avait dû passer à parler aux étoiles, la lune, lire des choses et entendre des murmures que lui seul pouvait comprendre. Ce n'est que lorsque vous atteignez ensemble cet endroit, qu'il remarque que la nuit est terriblement bien tombée et que les lumières brillent de mille feux dans le ciel. Voilà un spectacle qui vous serait agréable où vous reposer pour ce soir, au lieu de fixer la pierre taillée par une race ayant disparu depuis bien des lustres.
Il l'avait lentement lâché, le voyant retrouver un nouveau souffle de vie après pourtant une montée qui fut des plus grandioses. Ou plutôt épuisante. Yildun n'avait le cœur à rien d'autre que de se reposer, se sentant vider de toute énergie. Il ne prend pas le temps de regarder comme le fait l'autre blond, laissant ses doigts glisser sur la pierre, laissant finalement son dos céder, son corps entier sur un tabouret qui avait un peu pris la poussière. Quelle fatigue cela était. Cela lui apprendrait tiens à vouloir être plus malin et surtout à vouloir jouer à celui qui n'avait pas besoin de repos ni de pause. Parce qu'il voulait être fier et aussi voir le feu de la vie éclatée dans le regard de son patient et ami de toujours. Il ferme les yeux, car la tête lui tourne. Il se dit que ça ne serait pas une bonne idée qu'il tombe dans les pommes maintenant. Car voilà qu'il raterait un spectacle sublime. Quand il rouvre les yeux, c'est pour voir une étoile au milieu de la pièce. Elle était de chair et de métal, elle dansait au milieu de cet endroit abandonné de tous, sauf d'elle. Cette créature céleste à la forme d'un être corrompu par un dieu d'un autre monde, pourtant elle ne perd pas de son éclat dans les yeux de l'humble prêtre qu'il était.

L'astre tombe, il n'a pas le temps de venir la secourir. Il s'approche rapidement,  poussé d'une nouvelle foi. Il passait une douce main sur sa joue puis sur son front. « Je sais Wyn… Je les imagine. » A travers ses yeux et ses rêves. Il se passait sa langue sur ses lèvres, dégageant les quelques mèches venant perturber son visage. Voilà dans quel état ils étaient tous les deux. Il venait son regard au-dessus d'eux, cherchant une réponse. Ils ne pourraient redescendre dans l'instant, cela serait dangereux autant pour l'un que pour l'autre. Parce qu'il était un voyageur aguerri il venant prendre à sa hanche, une petite gourde d'eau pour la dévisser soigneusement et venir la porter aux lèvres de l'autre avant les siennes pour se désaltérer. Une fois cela fait, il se relève péniblement, regardant autour de lui avant de commencer à fouiller dans les affaires qui les entouraient. D'abord, une tapisserie qu'il venait étendre sur le sol, plus il fouillait, plus il improvisait de quoi faire un petit oreiller avec un sac pour la nuque de Wyn. Il l'aide à se relever en douceur, venant l'aider à tomber, une main dans le dos pour qu'il s'allonge en toute sécurité.

Les nuits étaient encore froides, ils ne pourraient pas passer la nuit simplement en espérant se tenir chaud l'un et l'autre. Le but n'était pas qu'ils en viennent à tomber malade ensemble, ils en seraient bien avancés tiens. Bien qu'il y eût quelque chose de romantique au fait de rester encore un peu ensemble tous les deux dans un lit chaud. Enfin, après de nouvelles recherches, il lui trouve ce dont il avait vraiment besoin : des peaux. Un sourire fatigué, c'est ce que voit Wyn quand le prêtre de Kynareth revient vers lui en déposant deux peaux sur son corps, n'en gardant qu'une troisième pour lui. Il s'assure une première fois qu'il est à l'aise, allongé sur le côté, une main sur la poitrine, posant sa tête a même sur la tapisserie, un lourd soupire d'épuisement lui échappant. « Dormons… Si quoi que ce soit ne va pas… réveille-moi. S'il te plaît. » Il remontait sa peau de bête sur son ventre, c'était ça le plus important à protéger du froid. La fatigue le prend si vite, qu'il pense fermer les yeux qu'un instant, ne voulant pas s'endormir avant que l'étoile à côté de lui se laisse bercer par les astres au-dessus d'eux. Doux soleil, dont il avait oublié que son existence était si essentielle à la sienne. Il murmure son nom de ses lèvres trop sèches, tandis qu'il peut sentir la chaleur de Wyn contre la sienne et l'œil protecteur de Kynareth veiller sur eux.
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I will never, never be the same. I have seen stars. Real stars | Yildwyn

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