De la neige, partout. Le froid, l'hiver éternel et encore du froid. Je suis à moitié Nordique, je devais pouvoir tolérer cette température bien mieux que les autres... Sauf que non. J'ai pas vraiment pris ça de ce côté de la famille. Quoique, je suppose que j'en ai tout de même profité un peu, sinon ces simples manches en tissus ne suffiraient pas à me protéger.

Il nous aura fallu un peu plus de deux jours pour faire le trajet entre Fortdhiver et l'auberge de la Porte Nocturne. Ne vous laissez pas avoir par son nom, cet établissement est tout à fait chaleureux. Avec moi, ou plutôt moi avec elle, Aldaria Valius, la raison pour laquelle je traîne mes fesses dans la neige. Jusque-là, je ne lui ramenais qu'un cadavre de temps en temps, mais à l'évidence ses expériences ont évolué et loin de moi l'idée de demander le pourquoi du comment, mais il s'avère que pour cette tâche ci, un peu plus d'aventure est requis. Un Draugr infernal, a-t-elle dit. Et puisque je suis bien incapable d'absorber son âme, sa présence est indispensable à la réussite de cette mission, alors contre toute attente, voilà cette mage d'intérieur qui fait route avec moi, l'ours mal léché aussi bavard qu'une porte mal graissée la majeure partie de la journée.

Deux jours, c'est donc le temps qu'il a fallu pour arriver et nous avons passé la nuit à l'auberge, qui, je dois le dire, sers un hydromel très savoureux, avant qu'au petit matin, nous quittions l'établissement pour braver, à nouveau, les températures hivernales. Je dois l'admettre, je ne sens plus mes pieds dans mes bottes. J'aurais pensé que l'hydromel me réchaufferait un peu, et c'est le cas en vérité, mais si je ne veux pas me retrouver ivre dans les souterrains du monde, mieux vaut m'en tenir là. Alors à l'approche du Tertre de Ferlié, je range la flasque dans mon sac et pose ma main droite sur la poignée de l'une de mes épées. Il y a toujours cette aura autour de ces constructions. La mort qui y roderait. Quelque chose de... froid et d'outremonde. Bref, rien d’accueillant. - Toujours déterminée à descendre? - Demandé-je à Aldaria dans un sourire, pas pour discuter de sa force ou de sa motivation, mais plutôt... Simplement faire la conversation. Mieux vaut dédramatiser le moment plutôt que succomber à l'inquiétude, non?

Prenant sur moi de jouer les éclaireur, je pousse la grande porte sombre et m'invite sur les quelques marches abîmées du tertre intérieur. Ici, l'air est moins froid, ou tout du moins le vent n'y fait pas régner une glaciation permanente. L'odeur en revanche, d'humidité et de renfermé, manque un peu de vie. Me saisissant d'une torche abandonnée contre le mur, je me risque à un exercer ma magie de destruction en essayant de l'allumer... sauf que non. - Tant pis. - Pas le temps de toute façon de mettre à l'épreuve mes maigres exercices, je l'allume de quelques étincelles de mes silex, retrouvés au fond de mon sac, et la lève au-dessus de ma tête pour aviser ce qui nous attend. - Mouais, si c'est une fête, je doute qu'on s'y amuse.