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Sujet: Les heures noires de jadis (llamatsu) Ven 29 Déc - 22:02
Les heures noires de jadis


Date du rp Soirétoile 4E200
Partenaire Llamatsu Danso
Climat, météo, saison, heure Temps neigeux, fin d'après-midi


La neige tombe sur la sombre et glaciale Vendeaume, éternelle chute immaculée d’un ciel qui ne saurait accorder aucun miracle à cet endroit des plus misérables. Les semelles glissent sur le pavé battu de givre, les capes rabattues remplacent les visages mornes et résignés des pâles figures du quartier gris. Le pire endroit de Bordeciel, s’il en est, tant pour ses bâtisses à l’état de tristes ruines que pour le comportement lamentable adopté par les elfes noirs qui le peuplent. Pas étonnant qu’un tel mépris leur soit accordé, à ces pitoyables lâches qui ont cru trouver un asile meilleur en quittant leur terre sacrée. Une silhouette enveloppée d’une cape de belle facture qui tranche avec les fins tissus élimés des habitants du ghetto, recouverte de fourrure noire, se glisse dans les ruelles étriquées, ignorant les mains tendues vers lui et les regards apitoyants. Quelle vision pathétique pour l’elfe persuadé de la supériorité de sa race. A se complaire dans ce rôle, ils méritent leur sort et valent moins à ses yeux que des esclaves en bonne santé.

Et pourtant, Seryn Drès s’avère être l’un des rares bienfaiteurs de ce quartier qu’il déteste tant. Pétris de leur désespoir et motivés par la faim et le froid, tous ces dunmers immigrés seraient prêts à lui manger dans la main la moindre miette, même de champignon moisi. Et il n’y a guère mieux, en premier lieu, que des êtres mus par l’accablement en guise de bons chiens. Des chiens à qui lui, celui qu’ils ont fini par nommer monseigneur alors qu’il n’en a en réalité pas encore le titre, il donne toutes sortes de basses besognes à accomplir contre un os. De petites mains utiles pour capter les murmures qui courent dans tout Bordeciel, pour échanger sous le manteau des biens qui n’auraient rien à faire là, pour préparer les navires et les enchainés en partance pour Nécrom. Il faut bien quelqu’un pour organiser la pègre, lui donner un illusoire sentiment d’importance et de vains espoirs d’enrichissement.

A l’angle d’une rue non loin de l’accès au port de la ville, alors qu’une gamine s’est installée là avec ses haillons pour vendre du vin chaud, c’est sur le débouchement d’une ruelle discrète qu’il rencontre un informateur. Le face à face est très rapide, juste le temps d’un échange de mots et l’éclat des pièces d’argent entre les doigts du Drès qui disparaissent dans le poing de l’autre Dunmer. Alors que celui-ci s’en va prestement, Seryn reste immobile quelques instants, restant songeur face à ce qu’il vient d’apprendre, ses doigts caressant doucement le pommeau de son épée. Lorsqu’il retourne dans la rue principale, c’est là que le borgne aperçoit une silhouette étrangère à ce quartier d’habitués, ses longs cheveux blancs qui se confondent avec la neige qui continue de tomber. Une silhouette qui n’est pas pour lui remémorer d’anciens souvenirs. Une silhouette dont la démarche n’a encore rien à voir avec celle des miséreux du coin. Sans doutes une nouvelle arrivante dans ce pays que l’on croit plein de promesses mais qui ne réserve aux Dunmers qu’un amer dédain. Un sourire sarcastique et caustique aux lèvres, Seryn porte ses doigts à ses lèvres pour émettre un sifflement approbateur tinté d’ironie, avant de tourner les talons pour rejoindre la taverne miteuse à quelques pas de là.

A l’intérieur, c’est bondé d’elfes noirs trop occupés à dépenser leurs maigres biens en boissons qui pourraient rappeler un peu leur pays natal, ou d’autres qui préfèrent organiser des jeux d’argent parfaitement illégaux. Mais ce n’est pas plus mal, car il ne faudrait tout de même pas qu’ils s’enrichissent trop avec le travail que l’héritier Drès peut leur fournir, n’est-ce pas ? Il se poste au comptoir, observe le barman avec une certaine insistance de son regard de braise et celui-ci disparaît au sous-sol tandis que Seryn s’accoude sur la plaque de bois usée par le temps et les bagarres, le regard tourné vers l’arrière-boutique de la taverne, ne laissant aux nouveaux arrivants de ce lieu que la vision de son profil écartelé par sa large cicatrice.
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Ven 29 Déc - 22:32
À quel moment avait-on jugé utile de construire une ville perdue au milieu des montagnes où le froid vous glaçait jusqu'à l'âme ? Pour la première fois de sa vie, Llamatsu éprouve le mal du pays, c'est que les marécages de Larme lui manqueraient presque, mais à dire vrai, les murs haut et blancs de Necrom sont les seuls à lui apporter un semblant de satisfaction. Il n'y a rien à Vendeaume qui attise un tant soit peu sa curiosité depuis ce début de journée où elle a fait escale en Tamriel, la voilà dépassé par les événements. Et maintenant ? Où aller, à qui parler ? Ici les regards qu'on lui lance sont pires encore que le froid, vif et acide, on la fixe avec sournoiserie, dédain. Mais certains doivent se questionner car elle n'est pas un visage familier et sans doute trop bien vêtu pour être l'une des gueuses du quartier gris. Car oui, elle découvrait avec effroi à quel point les Dunmers étaient nombreux ici mais surtout qu'ils étaient aussi pitoyables que des chiens affamés. Dans cette mare de fange, Llamatsu était lumineuse, ce serait presque à se méprendre sur qui elle était et sur les attentions qui étaient sienne.

Le sifflement qui résonne non loin lui semble destiné. Presque sûrs de cela, ses pas se stoppent alors que ses épaules s'affaissent sous sa lourde cape de laine noire ourlée d'une fourrure chaude et épaisse. Sous les tissus, les poings de la femme se ferment, s'agitant alors que le froid engourdit ses membres. Lentement, son faciès se tourne, ses yeuxl sombres comme deux gouffres sans fond scrutent le reste de la ruelle, mais rien. Personne si ce n'est quelques vagabonds trop affables pour osé bouger ou même penser à faire quoi que ce soit.

« Madame ! Une pièce siouplait ! »

Minaude la voix enfantine d'une gamine. Aussitôt Llamatsu abandonne ses réflexions pour poser son regard sinistre sur la gosse qui vient de lui tendre la main, le regard plein d'espoir. Et quel regard ! Celui-ci est d'un rouge vif, tranchant sur une peau d'ébène. Une petite Dunmers, sans doute pas plus d'une dizaine d'années. Elle attend, lançant ce regard de chiot battu censé amadoué les faibles d'esprits. D'un mouvement lent, la main de sorcière s'extirpe et se tend alors que l'enfant ouvre grand les yeux. La pièce, elle arrive la petite pièce ! Elle trépigne déjà à l'idée de rapporter ce présent à sa famille, savoir que ces longues heures dans le froid à faire la manche n'auront pas été vaines. Mais lorsque les doigts de Llamatsu s'ouvrent, c'est uniquement sur du vide. Pas la moindre pièce d'or à l'horizon et bien vite, c'est le bruit d'un coup qui résonne. Sa main aux ongles longs s'est abattu avec force sur celle de la gosse, lui assénant une tape autoritaire qui lui arrache un mouvement de recul. Sans cœur, sans honte, la femme pousse l'enfant sur le côté avant de se remettre en marche, sifflant simplement.

« Je hais les enfants. »

Un murmure pour soi plus que dédié à la grosse victime de sa haine et de sa mauvaise foi. Elle ignore le regard peiné de la pauvre fillette tremblante dans le froid avant de trouver rapidement refuge dans une vieille auberge dont s'élève l'odeur d'une fumée et du vieux bois humide. Les regards se tournent, perplexe devant la créature pâle qui fait irruption. Tant de visages Dunmers ici. Tant de faciès qu'elle aimerait arraché à leur squelette. Dans un soupir, la femme détourne le regard avec un air méprisant avant de s'approcher du bar, ajustant le col de fourrure de son manteau pour en chasser la neige qui a déjà commencé à fondre, rendant humide le tissu de laine.

« Tavernier ? Un repas chaud je vous prie et une chambre pour la nuit. »

Elle se sent soudainement épier. Plus que d'ordinaire. On continue de la fixer et déjà, la sinistre femme tourne le visage, observant l'homme le plus proche. Le peu qu'elle en voit est une aberration. Large cicatrice qui recouvre une partie de son visage, l'oeil aveugle et surtout, une sensation dérangeante dans son stoïcisme.

« Vous là... Dites-moi... vous connaissez un moyen rapide de rejoindre  Blancherive ? » Elle glisse une main dans sa bourse de cuir et jette une pièce sur le comptoir en direction du balafré. « Je vous serais reconnaissante si vous aviez des infos sur cette histoire de dragon... je paye bien, soyez en assuré. »
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Ven 29 Déc - 23:25
Bientôt, le tavernier revient du sous-sol avec une caisse de nouvelles bouteilles dans les bras, s’occupe de servir ses habitués avant de glisser un petit morceau de papier vers Seryn qui pose la paume dessus pour le faire disparaître jusqu’à une poche intérieure. La tenue des comptes concernant les ventes de boissons en provenance directe de Morrowind. Dans la vie, c’est donnant-donnant, et même le tavernier de ce quartier moisi en a fait les frais : Seryn s’est occupé des fournisseurs, à lui de s’acquitter de cette dette. L’argent repartirait pour Sombrejour par le navire ayant apporté les divers alcools des elfes noirs. La porte s’ouvre alors, laissant d’abord entrer le froid glacial de cette ville insupportable. Au bref silence qui s’abat sur la pièce, il faut croire qu’il s’agit d’un nouveau client. L’héritier Drès ignore tout bonnement cette entrée en scène, songeant d’ailleurs qu’il n’a plus rien à faire ici, ni dans cette auberge où s’infiltrent partout des courants d’air, ni dans ce maudit quartier. Vendeaume est une ville des plus détestables, tout comme ses habitants, tout comme le pays tout entier.

Mais, alors qu’il allait tourner les talons pour quitter cet immonde endroit rempli de gueux, la voix qui s’élève à côté de lui le force à rester immobile. Le timbre et le ton éveillent en lui de lointains souvenirs, de vieilles images qui ont presque disparu sous les strates de la guerre et de l’abattement. Le visage figé, le regard fixé droit devant lui avec ce port altier qui tranche avec les aspects ratatinés de leurs concitoyens déchus, Seryn se demande d’abord s’il n’a pas rêvé. Alors, lentement, il tourne très légèrement la tête pour apercevoir du coin de son œil valide, le profil de la nouvelle arrivante postée juste à côté de lui. Un bref coup d’œil, comme si de rien n’était, et il concentre à nouveau son regard ailleurs. Ce bout de visage a bien changé, mais cette chevelure, ce port de tête, la forme de cette mâchoire, la pulpe de ces lèvres devenues noires, l’elfe ne l’oubliera jamais.

Doit-il être choqué ? Doit-il être surpris ? Aux dernières nouvelles, Llamatsu se trouvait à Nécrom, à batifoler avec les morts tout en se créant une sinistre réputation, sans doutes même sans le savoir… Et pendant toutes ces années vautré dans son palais dégoulinant de débauche, il n’avait fallu qu’entendre ce nom pour faire reprendre pied au jeune seigneur. Et pourtant, jamais il ne l’avait gratifiée de la moindre visite, du moindre mot, rien. Alors oui, il est plutôt surpris : que fait-elle ici, dans le dernier endroit où on pourrait s’attendre à la rencontrer ? Une question dont la réponse va sans doutes devoir attendre, car voilà que son amie d’enfance s’adresse à lui, probablement sans savoir à qui réellement elle a affaire. Blancherive, tiens donc. Oh, les dragons, de mieux en mieux. Dans quoi s’est-elle encore embarquée ? Les macchabées ne suffisent plus ? « Comme tout le monde, en suivant la route ou en s’offrant un petit voyage en charrette. Ou au pire, à quatre pattes au bout d’une laisse. », lâche-t-il sans la regarder.

Il a un léger pincement de narines dédaigneux en observant la pièce qu’elle lui a jeté. Drapé de ses fourrures, le cuir nettoyé, la fine poignée de son épée ouvragée, Seryn est le dernier des derniers à avoir besoin d’une misérable pièce ici. « Ce n’est pas de la menue monnaie qu’il faudra pour vous arracher ce genre d’informations. Quand elles sont fiables, elles sont distillées à prix d’or. », rétorque-t-il alors qu’un sourire narquois se dessine au coin de ses lèvres. Difficile de se procurer lesdites informations fiables, d’ailleurs et bien souvent, quand c’était le cas, c’était plutôt des organisations comme le Thalmor, ou l’Empire, ou les Sombrages qui pouvaient se les offrir. « Ce que je peux vous dire, en revanche… », commence-t-il avec un ton de conspirateur, prenant une pause théâtrale avant de poursuivre : « C’est que la nourriture est exécrable ici, et les chambres sont infestées de rats et de cafards, quand la paille des matelas n’a pas déjà abrité le contenu de l’estomac des précédents clients. En revanche le Matze est excellent, la cuvée vient des territoires Drès. »

A l’instant même où il prononce ces derniers mots, il tourne la tête vers sa comparse de jadis. La braise de son œil valide se pose sur elle, la détaille pendant de longues secondes de silence alors que son sourire s’est doucement fané pour laisser place à une expression plus neutre, imperturbable. Alors qu’une pointe d’amusement l’étreint à la vue de sa réaction.
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Ven 29 Déc - 23:55
Ce timbre lui rappelait quelque chose. Plutôt quelqu'un. Cette voix grave, suave mais distante, comme si quelque chose s'était brisé chez l'inconnu. Il y avait... comme un manque de vie. Il était aussi froid que cette horrible ville enneigée. La curiosité force la femme à plisser les yeux alors qu'elle ose un coup d'oeil furtif vers les clients qui ont repris leurs jeux, sirotent leurs boissons et discutent sans grand intérêt quand ces poivrots ne sont pas occupés à dormir sur une table ou un cuver dans un coin. L'ambiance ici n'était clairement pas la plus chaleureuse et plus le temps passait, moins Llamatsu se sentait à l'aise, sans doute la douce compagnie des morts lui manquait-elle. Après tout, eux au moins ne parlent pas et se contentent d’obéir aux ordres.

« Au bout d'une laisse.... ? »

Susurre la sorcière alors que sa main sur le comptoir se replie, ses ongles griffant le bois dans un son faible mais grinçant. La prenait-il pour une chienne ? Avait-elle seulement une dégaine qui permettait à cet idiot de la considérer comme tel ? Le regard atrocement sombre, Llamatsu pose sur son interlocuteur, un regard assassin.

« Je me contenterais de la charrette, si toutefois elle n'est pas tirée par un rustre animal de votre acabit. »

Elle en restera là, les informations qu'elle attend ont plus d'importance que les insultes de ce bougre. Elle patiente alors qu'il remet en question la monnaie qui lui a été grassement balancé mais qui ne semble pas suffisante. À bien y regarder, c'est vrai qu'il a bien plus de classe que les mécréants qui peuplent le coin. Alors quand il tente de l’écœurer avec l'état miteux des lieux, Llamatsu se contente d'un haussement de sourcils peu enjoué. Doit-elle le croire ? Et croit-il seulement que cela la dérange ? À force d'avoir passé du temps à arpenter les sinistres nécropoles Dunmers, cela semblerait presque une partie de plaisir, aussi pitoyable peut-être le décor. La sorcière s'apprête à répliquer, répondre sagement que ses affaires ne le regardent en rien et que ses conseils sont sans intérêt mais quand il mentionne le Matze, elle tilte. N'est-ce pas cet alcool qui est fermenté à partir du riz de sel, cultivé sur les terres des Drès ? La théorie se confirme quand ce même nom est mentionné. Pourtant si les mots font mouche, le visage qui se dévoile à Llamatsu la plonge dans un silence sordide. Choquée, elle observe le visage de vieil ami et amour dont elle était resté prisonnière. Elle était venu en Tamriel dans l'espoir de trouver un dragon pour récupérer son aimé et voilà qu'elle tombait sur lui le jour même de son arrivée. Les dieux avaient un drôle de sens de l'humour et il fallait bien admettre, ces soudaines retrouvailles lui donnait la boule au ventre.

« Seryn.... ? »

Mais... Et son visage ? Elle observe l'énorme balafre qui scinde son faciès plus austère que jamais. Elle ne l'avait pas vu depuis la guerre avec les Argoniens. Cela faisait si longtemps... Elle s'était douté qu'il avait changé mais pas à ce point. La vision en était-elle plus atroce ? Pas tant que cela, finalement. Le souffle difficile, Llamatsu tente de reprendre contenance, se détournant de lui et faisant mine d'observer en direction du tavernier avant de murmurer d'un ton hautain, cherchant à cacher sa surprise.

« Je ne pensais pas te trouver ici. » Et comme à son habitude, la froideur reprend le dessus. « Tu étais beaucoup plus beau avant. Cette balafre, c'est d'une laideur... » Elle hausse les épaules. « Un Matze fera l'affaire... Et si tu as un autre lieu à me recommander... Histoire que ces étranges retrouvailles aient leur utilité, je suis tout ouïe. »
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Sam 30 Déc - 0:53
Le verbe toujours aussi cinglant, la dignité faussement atteinte. La douce réplique de Llamatsu l’aurait presque fait sourire quand il y a deux siècles il aurait franchement ri aux éclats. Non, là, il est bien trop occupé à savourer la surprise qui se lit sur les traits spectraux de l’elfe noire. Alors qu’elle détaille son visage, et que son regard se fixe sur cette cicatrice hideuse qui n’avait jamais vraiment guéri faute de soins immédiats à l’époque, son propre regard se pare d’une lueur de défi. Personne n’était sorti de cette foutue guerre indemne. Toujours un coude appuyé sur le bord du comptoir, le noble Dunmer se contente de hausser un sourcil à la fois sarcastique et dédaigneux pour accueillir le compliment qu’elle lui sert sur un plat d’asticots. « Tout comme ta manucure. Souvenir des peaux de lézard. Entre autres. », rétorque-t-il avec un désintérêt total en indiquant d’un signe de la main au tavernier qu’il part sur deux verres de Matze. L’elfe noir s’éloigne quelques instants pour revenir avec la commande qu’il dépose près d’eux.

Seryn lâche un bref soupir faussement inspiré avant de pivoter pour se retrouver dos au bar. « Ma chère, si tu sortais plus souvent, tu saurais depuis longtemps que je ne suis plus au palais de Nécrom. » Même s’il n’avait jamais crié sur tous les toits en partant qu’il irait en Bordeciel pour y mener une existence de seigneur du crime. S’emparant de son verre, qu’il observe pendant quelques instants avant d’y oser une gorgée, son regard vole de client en client qu’il surprend dans leur petite vie misérable sans but et sans intérêt. Au contraire de celle de sa comparse, car si elle se trouve ici, ce n’est certainement pas parce qu’elle s’est perdue dans la cale d’un navire faisant voile vers la glaciale Vendeaume. « A vrai dire, c’est plutôt ta présence qui est surprenante. Chercherais-tu un cimetière où les cadavres sont mieux conservés, plus virils ? Bordeciel est l’endroit tout indiqué pour ce genre de recherches. », dit-il d’un ton mordant, un sourire cynique étirant finalement ses lèvres.

Mais, en réalité, il n’est pas sourd ni stupide, Seryn sait que cela a un rapport avec les dragons. Depuis la dernière année, tout un tas de personnes ont apparu dans cette contrée qui n’a rien de touristique, lui y compris. Des historiens, des mages, des curieux, des receleurs aussi, au cas où il y aurait un cadavre de dragon à détrousser. Beaucoup d’idiots battent le pavé des routes de Bordeciel en tentant d’y comprendre quelque chose. Prenant à nouveau quelques gorgées de la boisson aux arômes bienvenus de la maison, il finit par hausser les épaules, tournant la tête vers Llamatsu. « La seule auberge qui soit à peu près digne de ce nom dans cette ville écœurante. Au moins ils ont l’audace de réchauffer leurs clients plutôt que d’abandonner leurs cadavres congelés au petit matin. » Le mépris suinte sans vergogne, comme il en a toujours été ainsi dans la verve xénophobe et arrogante du Dunmer, et il n’a pas la moindre honte de parler ainsi de l’établissement devant son gérant. « Dans tous les cas, j’y ai ma chambre pour ce soir. »

Et il conclut en déposant sèchement son verre sur le bois, son regard toujours braqué sur la jeune femme. Mille et une questions se bousculent pourtant dans son esprit, pour toutes ces années où le devoir, la guerre et le vide les avaient séparés, condamnés à s’oublier. Et pourtant, il garde le silence, se contente de l’observer, de graver dans sa tête ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Sortant quelques pièces pour les laisser tomber négligemment sur le comptoir afin de payer la consommation, bien que cet argent lui sera bientôt rendu, Seryn se redresse, traverse la pièce en ignorant les clochards qui cuvent leur vin, étalés sur les tables et retrouve le vent glacial qui balaie des rues de Vendeaume. A déambuler pendant plus de quinze ans dans ces lieux, Seryn n’a plus rien d’un étranger au sein de ces pitoyables cités qui ne vaudront jamais son véritable chez lui.
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Sam 30 Déc - 13:21
« Ma manucure est parfaite pour arracher des yeux. »

Réponds sèchement la femme qui joint le geste à la parole en venant souffler sur ses ongles taillés comme des griffes. Si la repartie semble toute trouvée, elle n'est pas moins véridique. C'est un bon moyen de défense, surtout quand l'on ne savait pas tenir une arme. Llamatsu baisse les yeux sur le verre qui lui est servi, observe la liqueur avant de la renifler, sans doute par excès de prudence. Pour avoir elle-même déversé du poison dans bien des boissons et des plats, elle savait qu'il était préférable de faire preuve de zèle que de finir à baigner dans son sang et sa bile. Esquissant une pâle grimace, elle repose le verre sans même goûter son alcool alors que sa voix s'élève à nouveau, sifflante et calme, d'un froid sans pareil.

« Ah, parce que tu étais à Necrom ? Ravie de l'apprendre. »

Ses ongles tapotent le bois dans un signe d'agacement. Lui, à Necrom ? Et combien de temps y était-il resté ? Pas même une visite, pas même une lettre, rien. La boule dans sa gorge se resserre et lui en donne presque la nausée. Le souvenir de Satyana était-il encore si fort en lui qu'il ne daignait même pas aller vers son amie alors même qu'elle se trouvait dans la même ville que lui ?

« J'en déduis donc que tu as définitivement fait un trait sur notre amitié. À ta guise, après tout comme tu le vois, ces deux siècles sans te côtoyer m'ont fait beaucoup de bien. »


Ou peut-être pas mais la mauvaise foi de Llamatsu semblait n'avoir aucune limite. Elle continue de nier en bloc, que ce soit ses sentiments comme les pertes liées à cette horrible guerre. Toujours aussi détacher, la femme ajuste son manteau de laine et relève le menton d'un air hautain, presque boudeur.

« Je te prierais de ne pas rabaisser mon art magique à ce genre de bassesse. Certains sont encore capables d'ouvrir leur esprit au savoir, ce qui visiblement, n'est pas ton cas. »

Llamatsu ne lâche pas le morceau, cette magie c'était tout ce qu'il lui restait à présent et pour rien au monde elle ne désirait se voir rabaisser à de telle futilité. Si Seryn voulait jouer au plus malin, qu'il fasse donc, elle préférait ne pas rentrer dans son jeu. Pourtant quand le seigneur Dunmer vient à mentionner qu'il possède une chambre ici-même pour la nuit, la femme se fige. Cela ressemble à une invitation. Ou bien à une provocation en souvenir du bon vieux temps ? Elle croise furtivement le regard du tavernier qui empoche rapidement l'argent laissé par Seryn. Et maintenant ? Prends-t-elle le risque de suivre son ancien amant ou bien doit-elle l'ignorer et prendre une chambre à son tour. L'occasion est bien trop belle pour ne pas tenter de s'approprier à nouveau ses bras à, défaut de ses sourires. Hésitante, Llamatsu reste bêtement figé devant son verre encore plein, prise à dépourvue par ces retrouvailles. Pourquoi se tater ainsi ? Sa présence en Bordeciel était là dans le simple but de retrouver l'amour auquel elle avait dû renoncer. Et maintenant qu'il était là devant elle, voilà que la sorcière ne savait plus quoi, quoi penser. Maudit soit Seryn ! Elle empoigne finalement le verre et le porte à ses lèvres, buvant d'une traite son contenue avant de le reposer. Elle n'a même pas pris le temps de déguster l'alcool, l'ayant ingurgité dans le simple but de calmer ses nerfs et apaiser son esprit tourmenté. Sans plus de cérémonie, elle part à la suite de l'elfe, quittant le lieu qui empeste l'alcool et la sueur pour se heurter au vent glacial mais vivifiant de Vendeaume.

« Seryn! »

Clame-t-elle, sa voix tentant de surpasser le vent sifflant. Au petit trop, elle rattrape son compère avant de le saisir par le bras, ses cheveux s'affolant dangereusement, fouetter par le vent.

« Ne pars pas sans moi... pas encore. »
Le supplie-t-elle, la voix brisée alors que ses ongles se referment sur son bras dans un geste tremblant.

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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Dim 31 Déc - 0:24
Il hausse un sourcil, le regard tourné vers le vide de la pièce. Lequel des deux s’était le plus coupé du monde, l’héritier Drès en se noyant dans l’ivresse de l’alcool, du skooma et des plaisirs de la chair sous le regard désapprobateur mais lointain des prêtres de la vaste nécropole sainte, ou l’apprentie nécromancienne en se consacrant corps et âme au silence des cadavres ? Son attitude aurait alors presque fait scandale si la guerre n’avait à ce point marqué les chairs et les esprits. Durant un court instant, un éclat de dureté fige le visage de Seryn alors qu’elle l’accuse déjà d’avoir brisé leur amitié de jadis. Tout de suite les grands mots… Avec une lenteur calculée, il bascule la tête en sa direction, braquant son regard flamboyant sur la jeune femme qui transpire l’amertume et tout, sauf le fait de se sentir bien. « Oh, mais tu l’as fait toi-même, Llamatsu. En disparaissant il y a longtemps. », articule-t-il d’un ton aussi glacial que l’hiver qui règne en Bordeciel. Après tout, la dernière fois qu’ils se sont vus, c’était peu après la naissance de son fils. Son dernier souvenir de son amie, c’était son visage tout sauf enjoué ou chaleureux à la vue de ce bambin qui représentait le futur de la lignée Drès, le futur de Morrowind. Balayé d’un coup de vent comme tant d’autres espoirs, dans le sang et les cendres de Larme.

Esquissant un sourire des plus acides qui retrousse ses lèvres et révèle une partie de sa dentition, Seryn aurait bien des qualificatifs pour la nécromancie mais certainement pas celui, valorisant, d’art magique. Même les elfes noirs s’accordent sur le mépris de ce savoir occulte, et savoir qu’elle a osé faire ses classes au beau milieu du sanctuaire le plus sacré de Morrowind, alors que la religion des Dunmers accorde une place extrêmement importante au culte de leurs ancêtres est probablement la pire des abominations à entendre. Ouvrir son esprit aux morts, ce n’est certainement pas pour la curiosité intellectuelle de la chose. Jamais. Et s’il a consenti à la laisser faire ses petits rituels outrageants, corrompant les esprits des anciens Dunmers probablement déjà assez tourmentés en voyant ce qui est arrivé à leur peuple, c’est bien en souvenir de leur amitié. Même si à cause de cela, les prêtres ne l’avaient que plus détesté. « Le savoir… ou le pouvoir ? », susurre-t-il juste avant de payer et de commencer à s’éloigner.

Se retrouver à l’extérieur est presque vivifiant. Instantanément, les vapeurs de l’alcool et de la sueur s’estompent, ne restent que la pestilence ambiante du quartier gris qui s’élève de sa misère et de son désespoir. Ses pas s’enfoncent dans la neige qui recouvre tout de son manteau d’oubli, traçant le chemin vers la sortie du quartier. Il ne faut pas longtemps pour qu’il entende le lointain écho de son nom, emporté par le vent, puis qu’une main n’agrippe son bras gauche. Tournant son œil vers Llamatsu, il esquisse un sourire en coin avant de rehausser le col de sa fourrure pour se protéger le visage. « Alors tu as changé d’avis. », dit-il en parlant de son choix d’auberge, faisant mine de ne pas relever la supplique de la jeune femme, alors qu’il la met simplement dans un coin de son esprit. Avançant contre le vent, faisant attention à ne pas chuter dans les marches glissantes de Vendeaume, ils arrivent finalement devant l’auberge principale de la cité nordique, qui fait face aux portes principales de la ville pour accueillir ses visiteurs à bras ouverts. Ou presque tous ses visiteurs. Car s’il y a bien une chose qui unit tout le reste de cet endroit, c’est le regard que l’on réserve aux elfes noirs.

Ce n’est pas la première fois qu’il fait étape par ici, et sans doutes que la gérante de l’accueil s’y est habituée à défaut de s’en réjouir, cependant concernant le reste de la clientèle, l’entrée de deux Dunmers dans cette hutte de Nordique jetterait presque un froid dans le chant des bardes. Si la salle principale du rez-de-chaussée accueille les nombreuses tables pour le diner, l’étage, lui, est un lieu bien plus calme, dans la douce chaleur de la mansarde où trône au centre, un âtre circulaire. Un regard à l’hôtesse d’accueil fait comprendre que Llamatsu l’accompagne et qu’il s’en porte garant, et Seryn, en traversant le hall pour se diriger vers le large escalier, ignore superbement tous les regards hostiles braqués sur eux. Il est sans doutes un Dunmer, mais au moins, il est en capacité de payer tous les services proposés par cette auberge de seconde zone si on la compare aux établissements luxueux qui avaient pu exister en Morrowind. A l’étage désert, face à la cheminée, il dégrafe sa cape pour la poser à un crochet sur la pierre chaude de l’âtre. Puis, dans un soupir, il fait de même avec le manteau de sa comparse, ses doigts glissant avec légèreté sur ses épaules, sa nuque puis ses omoplates alors qu’il l’aide à s’en débarrasser. « Que dire, sinon bienvenue en Bordeciel ? », émet-il avec un certain trait de cynisme.
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Dim 31 Déc - 11:48
La supplique ne l'atteint pas, mâle au cœur de glace, il reste fermé face au désarroi de sa comparse. Quelle idiote ! Avait-elle vraiment cru l'émouvoir avec si peu ? La vérité voulait qu'elle n'ait pas réfléchi à cela, elle avait simplement agi, en bonne femelle guidée par ses émotions. Alors que sa main relâche le bras de son ancien ami, Llamatsu retombe dans le silence, lui emboîtant le pas. L'ambiance entre eux est plus froide encore que l'hiver éternel dans lequel le sinistre Vendeaume est plongé. Il y a peu de chances que les choses s'améliorent à ce rythme. Trop de rancoeur, de haine et de non-dits... L'un comme l'autre ont des choses à se reprocher. C'est comme jouer les funambules au bord d'un précipice. L'un des deux finira par tomber.

La nouvelle auberge qui s'offre à elle n'a rien à voir avec ce trou miteux où elle avait fait irruption un peu plus tôt. L'endroit, déjà bien plus agréable à l'oeil est mieux tenu, n'en reste pas moins peu accueillant. Les regards qui leur sont lancés avaient de quoi faire froid dans le dos. Mais plutôt que de se plier à un quelconque élan de peur, le sordide Dunmer se contente de soutenir les regards, dardant son effrayant regard d'ébène sur les clients dont certains semble comprendre le message. L'insoumise n'est pas du genre à se faire piétiner et d'un simple regard, elle sait le faire comprendre. L'étage quant à lui est bien plus calme, loin de l'amertume des clients, des barbes et même du personnel des lieux. Llamatsu réalise alors qu'il est trop tard pour faire demi-tour. Elle a sagement suivi Seryn ici sans vraiment savoir si c'était une bonne chose. L’âtre qui s'offre à ses yeux donne un semblant de réconfort après des heures à errer dans cette ville de misère à subir son froid mortel. Quelle n'est pas sa surprise quand l'odieux Dunmer fait soudainement preuve de galanterie en la débarrassant de son manteau, taquinant les parcelles de peaux exposées avec une douceur insoupçonnée. Elle en ronronnerait presque la nécromancienne.

« C'est cela. »

Se contente-t-elle de murmurer avec détachement lorsqu'il lui souhaite la bienvenue avec un ton puant le cynisme. Loin de se laisser avoir par ses charmes, Llamatsu s'éloigne de Seryn pour s'approcher du feu et savourer sa chaleur. Elle était devenu si amère en deux siècles, loin de cette jeune fille un peu bourru mais toujours souriante qu'elle avait été et qui passait des heures en sa compagnie. Elle se souvenait qu'à l'époque, elle se comportait plus comme un garçon, affichant volontairement des cheveux courts, s'habillant comme tel malgré le rang prestigieux de sa famille. Pendant longtemps, elle n'avait pas fait honneur à ce que son père attendait d'elle, préférant jouer dans la boue avec Seryn, chasser des lapins et bien plus tard, s'abandonner à ses bras comme la pire des ribaudes. Et la voilà à présent, prestance d'une reine, faite de froideur et d'austérité, féminité épineuse et sinistre. Elle avait tout de la dame que son père avait à désirer qu'elle soit, si l'on oubliait la noirceur qui la recouvrait comme un sordide linceul.

« C'est surprenant de te voir en Bordeciel, Seryn... Je te pensais occupé avec les affaires familiales, proche de ton père... »

Cette espèce de vieux seigneur faible et pédant. Croisant doucement les bras sur sa poitrine, Llamatsu finit par pivoter lentement, port altier et digne. Son regard noirci se pose ostensiblement sur son comparse balafré.

« J'ai comme l'impression que tu as bien des choses à dire... Les reproches te brûlent la langue... je me trompe ? »
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Dim 31 Déc - 13:39
Alors que la cape glisse entre ses doigts, l’elfe noir inspire avec lenteur le parfum subtil qui se dégage de Llamatsu. De sombres effluves de noirceur et d’amertume, le parfum frigide de la mort qui contraste tant avec la jeune elfe qui trainait dans la boue et la paille. Il détourne doucement la tête, et alors qu’il abandonne le tissu à un autre crochet pour le laisser sécher à la douce chaleur qui exhale de l’âtre, un sourire mauvais étire ses lèvres. Pendant plusieurs instants, le regard braqué vers les flammes qui crépitent, il reste appuyé contre la pierre chaude, la peau de son visage se réchauffant doucement, la neige qui s’est perdue dans ses tresses de jais s’égare en glissant jusqu’au sol. Malgré la chaleur revigorante bienvenue, la pâleur maladive du derme de Seryn ne se pare pas pour autant de davantage de couleurs, contrastant avec la sombre tunique longue qui recouvre sa peau, parties de cuir drapant ses larges épaules et épais tissu doublé de soie de Morrowind. Il finit par s’installer nonchalamment dans un fauteuil faisant face à la cheminée, l’épée reposant sur sa cuisse, les bras étalés le long des accoudoirs.

Le regard posé sur une fenêtre battue par la neige, Seryn hausse un sourcil narquois à la remarque de sa comparse. Du bout des doigts, il se masse le menton, avant de rétorquer d’un ton moqueur : « Les affaires me mènent ici. A présent que les terres de ma maison ont retrouvé une certaine prospérité, il faut penser à de nouvelles possibilités de commerce… entre autres choses. Mon père n’a certainement pas besoin de ma présence pour savoir ce qu’il a à dire et à faire. Tant que je suis ici, il fait un parfait Seigneur Drès siégeant au grand conseil. », conclut-il avec plus d’ironie que jamais. Il ne faut guère se leurrer, depuis un siècle, celui qui dirige la maison, c’est bien son héritier. Son père, ce vieil infirme qui s’accroche toujours autant à sa pitoyable fin de vie en espérant peut-être récolter les louanges de son peuple pour l’avoir soi-disant remis vers le chemin de la gloire et de la richesse, fait en réalité une parfaite marionnette pour Seryn qui l’avait très bien compris. Dans ce jeu de faux semblants où chacun semble obéir aux directives de l’autre, de toute manière, celui qui a le plus à gagner, c’est le futur seigneur. L’ombre lui convient très bien pour le moment, tant que le vieux croulant se contente de dire au Conseil des grandes maisons ce qu’il lui transmet dans leur correspondance. Pour le reste, qu’il s’amuse donc à nouer quelque complot dans son dos, du moment que cela apporte quelque chose à son héritage.

Son regard bascule lentement vers Llamatsu et pendant de longues secondes de silence, qui transforment même en minutes, il se contente de l’observer au peigne fin comme si la braise de son regard lui transperçait l’âme. Avant de finalement, alors que rien sur son visage glacial ne le laissait présager, éclater de rire. Un rire cynique, grinçant et narquois. « Des reproches ? Pourquoi faire, dis-moi ? Tu t’es éloignée de toi-même en étant incapable de te contenter de ce que je t’offrais : une amitié sincère. Alors que je me battais chaque minute pour supplanter mon crétin de frère, faire valoir mes qualités auprès de mon père qui s’amusait à me confondre avec ses autres pions, tu étais une bouffée d’air bienvenue avec ton sourire dépourvu de faux-semblants, dans mon monde où tout n’est que jeux d’illusions et sordides jeux de pouvoir. Mais même toi tu t’y es brûlée. » Un nouveau ricanement s’échappe de sa gorge alors que son sourire n’est qu’acide.

Secouant la tête en expirant un soupir teinté de déception, son œil ne lâche pas Llamatsu de sa brûlure impitoyable. « Tu as fini par devenir comme les autres, tous ces vassaux qui vomissent leurs mensonges et s’accrochent à de frêles espoirs d’obtenir quelque avantage. Tout ça… alors que tu n’as jamais voulu comprendre dans quel monde je vivais. Tout ça pour un mariage. Tout ça pour une soi-disant rivale. En voulant l’éclipser par je ne sais quel jeu déplacé, tu t’es occultée toi-même. » Elle avait soufflé sa propre flamme en devenant cette femme rongée par la jalousie et l’amertume, incapable de passer du temps avec Seryn pour lui, mais seulement dans cette optique de gagner une maigre victoire sur Satyana. Un jeu malsain difficile à ne pas sentir mais qui était devenu insupportable.
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Dim 31 Déc - 14:08
Il n'y avait pas beaucoup de monde que Llamatsu appréciait mais le patriarche Drès était de ceux qu'elle appréciait le moins. Elle ne comprenait pas pourquoi ce vieillard continuait de s'accrocher à la vie, si pitoyable depuis la guerre. Une moitié d'homme. Une moitié de rien.

« Je crois que la seule chose dont ton père à besoin, c'est d'apprendre à mourir. »

Lâche la femme sournoisement avec un détachement total. Est-ce qu'il serait vexé par cet affront ? Peu importe au final car Llamatsu ne compte pas prendre des pincettes. Fut un temps où elle aurait épargné Seryn mais à présent, son esprit implacable l'éloignait de toute forme de pitié. Et elle s'en portait bien. Même mieux que jamais. Ne plus avoir à se soucier de rien, c'était se soulager soi-même de toute contrainte. Son regard migre à nouveau vers l'héritier des Drès qu'elle fixe d'un regard intense, sombre et pénétrant alors qu'il s'installe sagement dans un des fauteuils. Et elle, reste debout. Statue de marbre, on la croirait aussi morte que les macabres compagnons dont elle s'était entouré. Seul le soulèvement lent et régulier de sa poitrine trahisse son élan de vie.

« Et pendant que tu faisais valoir tes qualités, que croyais-tu que je faisais ? » Ses bras se décroisent. « J'étais lasse d'avoir à écarter les cuisses pour satisfaire cette soi-disant amitié. Je n'ai toujours été qu'un bout de viande. La seule chose dont m'a gratifié, c'était de vivre dans ton ombre. »

Crache Llamatsu avec dédain alors qu'elle toise férocement son comparse. L'envie de l'étrangler, de lui arracher les yeux, de dévorer sa langue... L'étaler sur un autel, sacrifier son corps et le réduire en charpie avant d'en faire son jouet. L'idée était trop tentante mais pas facile à réaliser. Si quelqu'un pouvait aisément la tenir à distance, c'était bien Seryn.

« Je n'ai pas voulu comprendre dans quel monde tu vivais ? Tu t'affichais souriant avec ta traînée, j'ai été forcé de venir à votre stupide mariage, tu m'as forcé à regarder droit dans les yeux l'horreur qu'elle avait mise au monde... Une chance qu'elle soit morte avant d'avoir eu le temps d'en pondre un second. »

Elle se rapproche, pas lente et attitude prédatrice. Llamatsu ne cache plus sa haine, sa rancoeur alors que sa bouche se tord en plus grimace de dégoût.

« Tu m'as condamné à l'ignorance pendant que tu jouais les maris et père heureux en ménage... Vous me dégoûtiez au plus au point. J'ai été présente pour toi durant des décennies et tu n'as même pas essayé de te battre pour moi. Et tu me reproches d'être parti ? Et que voulais-tu que je fasse d'autre ? Tu m'as brisé le cœur, piétiné ma dignité et tu m'as fait sentir comme un moins que rien. » Son faciès se détend, remplacé par une moue de tristesse. « Tu as été le plus cruel de tous, Seryn. Tu m'as forcé à observer en silence, un bonheur qui m'était refusé. »

Alors qu'elle se penche au-dessus de lui, posant ses mains griffues sur le dossier du fauteuil de chaque côté du crâne du Dunmer, Llamatsu darde son regard rongé par les ténèbres, droit vers le balafré. Rictus mauvais au coin des lèvres, la sorcière approche son visage, effleurant les lèvres de son comparse avant de murmurer d'une voix sinistre.

« C'est toi qui as fait de moi ce que je suis... Observe ta création, Seryn... Observe et savoure la car quand j'en aurais fini avec toi, c'est toi qui me supplieras de partir. »

Bien plus vite qu'elle s'était approché de lui, la femme au teint glabre recule, mettant bien deux pas de distance entre eux pour revenir vers la cheminée et savourer la chaleur des flammes. Paisiblement, elle tourne le dos à son seigneur, esquissant un sourire carnassier.

« Au fait, ton père te passe le bonjour. »
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Dim 31 Déc - 15:45
Un sourire mauvais tord les lèvres de Seryn à l’évocation de son père. Oh, oui, en effet, le vieux était à ce point rapace et avare qu’il se refuse jusqu’à mourir, écorché à l’idée même de léguer tout ce qu’il a à son propre fils. Comme s’il n’avait jamais été rien de plus qu’un pion derrière lequel se cacher. Son seul véritable cadeau, ça avait été Satyana. Pas de toute qu’en les mettant dans un lit conjugal, le vieux Drès aurait cru faire là un cadeau empoisonné qui lui aurait permis de véritablement contrôler son deuxième né. C’était tout le contraire qui s’était déroulé. « Il m’est encore utile… pour le moment. », laisse-t-il échapper dans un murmure. Et ensuite ? Une fois qu’il ne le serait plus ? Oh, il ne serait guère difficile de l’endormir pour de bon après avoir partagé un dernier verre ensemble. Penchant la tête sur le côté, la laissant reposer contre son poing, Seryn relève son regard vers Llamatsu, sans nier outre mesure ses paroles, n’esquissant qu’un sourire glacial en guise de réponse. Mieux vaut vivre dans l’ombre de quelqu’un que ne pas vivre du tout, songe-t-il en portant son regard vers les flammes en une attitude d’ennui.

Les traits de son visage se figent en une expression mauvaise, implacable, alors qu’elle ose évoquer et se repaitre de la mort de Satyana. Alors que les flammes se reflètent dans son œil de braise, c’est l’éclat de la haine qui tord son sourire en une grimace plus exécrable que jamais. « Oh, mais rien n’est facile dans un mariage politique, à l’exception de la tenue des apparences. », rétorque-t-il en l’observant approcher, avant d’éclater de rire à nouveau. Toujours aussi grinçant et caustique. « Me battre ? » L’expression lui arrache un nouveau ricanement. « Pourquoi aurais-je fait une chose pareille ? Quel intérêt y aurais-je eu, Llamatsu ? Hormis jeter l’opprobre sur mon nom, attirer la moquerie sur les Drès qui se seraient alors abaissés à lier leur sang à celui des maisons inférieures et tirer un trait sur la place qui me revient aujourd’hui de droit ? » Ces mots, il les crache sans même essayer de la préserver de la plus impitoyable des réalités. Seryn n’a jamais été un être à s’embarrasser de sentiments et cela est d’autant plus vrai en cet instant. La compassion n’a jamais été que des barrières à se jeter sur le chemin de ses ambitions, et le Dunmer les a toujours outrageusement surmontées.

Alors lui parler de bonheur, c’est à nouveau provoquer le rire qui secoue ses épaules. « Depuis quand les Dunmers se laissent piéger dans la recherche de ce qui est vain et futile ? Cette chose appelée bonheur… Azura nous en garde depuis bien longtemps. » Les elfes sombres, les elfes maudits, les elfes condamnés à la nuit dans leur cœur comme dans leur vie. Seuls ceux avec une vie simple auraient pu y aspirer un tant soit peu. Une fille comme Llamatsu, au final. Naïve et innocente à l’époque. Bien amère aujourd’hui, et Seryn ne peut s’empêcher d’esquisser un fin sourire victorieux quand, alors qu’elle est si proche mais encore insaisissable, il rétorque : « Je ne supplie personne… croyais-tu seulement pouvoir t’adonner à ton… art, aussi tranquillement, sans jamais être condamnée au bûcher que les prêtres de Nécrom rêvaient de te dresser ? Il ne restait plus rien aux Dunmers en dehors de leurs coutumes sacrées, et toi, tu t’es amusée à piétiner les cultes ancestraux que Méphala et Boethia nous ont légué, tu as jeté la honte sur de nombreuses familles qui n’avaient plus que leurs ancêtres à prier, et malgré tout ce mépris que tu as craché aux vivants, tu es restée loin des arrêts et de la mort qui t’attendaient. Grâce à moi. »

Se calant un peu plus confortablement dans son siège, il finit par ajouter alors qu’elle recule vivement : « J’espère que ces deux siècles de sursis que je t’ai accordé t’auront permis de trouver le bonheur pathétique auquel tu aspirais. Ou bien veux-tu m’implorer de mettre fin à cette existence sans saveur dans laquelle tu t’es si bien plongée ? » Mots dédaigneux et moqueurs, alors qu’il sait que la nécromancie n’apporte que plus de peines encore à ses odieux pratiquants ? Vivre entouré de serviteurs sans personnalité, sans bouche pour parler, sans véritable déférence, ne frayer qu’avec des fantômes perdus dans les âges, si cela n’avait pas contribué à rendre la sorcière plus amère encore, la transformation physique qui s’était opérée, elle, ne pouvait guère mentir. Cependant, Seryn ne s’attend certainement pas à ce qu’elle lui souhaite le bonjour de son père, avec cette expression qui montre à souhait qu’elle l’aurait visité. Gardant son masque glacial, le Dunmer se contente de hausser un sourcil méprisant à la seule évocation du paternel. « Ça m’étonnerait. C’est surprenant qu’il ait accepté de te recevoir, à moins qu’il ne commence à perdre la tête et que son heure est bientôt venue. Ou alors il t’a envoyée pour me tourmenter. Son dernier cadeau d’adieu. », conclut-il dans un sourire corrosif.
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Dim 31 Déc - 17:41
« Le mépris que j'ai craché aux vivants est équivalent à celui que tu as toujours eu pour moi. » Affirme Llamatsu sans même en douter un instant. « Personne n'a jamais rien fait pour moi alors je me contrefiche bien de savoir qui j'ai pu vexer par mes pratiques... N'oublie pas une chose, rien n'existe sans une bonne raison, il en va de même pour la nécromancie. Elle est dirigée par ses propres lois, la mort fait partie de la vie, seuls les ignorants et les hérétiques la briment simplement à cause de cela les effraies. »

Elle n'en démordra pas et n'a jamais éprouvé la moindre honte à se tourner vers la mort qui s'est montré bien meilleur amie que lui ne l'avait été tout ce temps. Seryn était un menteur, un hypocrite qui s'était joué d'elle et le faisait encore maintenant alors même qu'ils se retrouvaient au bout de deux siècles. La verve toujours aussi acide, il n'hésite pas un instant à mentionner son infériorité et pourtant sa famille avait été loin des paysans, très loin même. Mais ce n'était pas suffisant pour égaler les Drès.

« Grâce à toi... ? Épargne moi tes simagrées Seryn, tu te fiches éperdument de moi. Tu viens toi-même de dire que je t'étais inférieur et que tu n'avais aucune raison de te battre pour moi. Tu n'éprouves ni amour, ni tendresse ni rien qui puisse justifier qu'il reste quelque part en toi, une quelconque forme d'amitié. La seule chose de pathétique n'est pas mon bonheur, c'est ton incapacité à avoir été présent pour ceux qui tiennent encore à toi. »


Ceux encore en vie. Ils n'étaient pas nombreux et elle doutait que le père de Seryn puisse être compté dans le lot. Sans doute aimait-il son fils mais dans quel cas il avait une façon bien étrange de le lui montrer. Llamatsu se tourne à nouveau, revenant faire quelques pas vers le Dunmer dont l'air froid est délectable. Le jeu piquant et venimeux auquel il se livre l'agace. Ou l'amuse. Peut-être un peu les deux. Sans doute est-il surprit de voir en son ancienne amie, une comparse de joute verbale à sa hauteur. Alors qu'il mentionne son père, la sinistre sorcière se penche doucement, venant poser son séant sur les genoux de son aîné avec une grâce féline. Elle s'installe, prend ses aises avant de venir glisser son index sous son menton barbu, pressant doucement sa griffe sous son derme.

« Ton père ne te n'a rien dit ? Oh, je suis à peine surprise... » Susurre l'elfe avec un sourire mesquin. « Oui, il m'a accordé une entrevue... Il faut croire que ces deux siècles de répit que tu m'as accordé, ont finalement porté leurs fruits... Il semblerait que je sois digne de conclure un accord avec ton cher paternel... » Rire soufflé. « Je suppose que deux cents ans à pousser mes talents à l'extrême et explorer les secrets d'une antique et sordide magie, permettent même à une femme au rang inférieur de faire entendre sa voix... ? Soit, puisque papa ne te n'a rien dit de mon entrevue avec lui, laisse-moi éclairer ta lanterne... »

La vipère se penche, penchant le visage sur le côté pour venir glisser ses lèvres à l'oreille de Seryn. Son souffle glacial chatouille son derme, effleure son lobe alors qu'elle confie sur le ton du secret, la sournoiserie au bout de la langue.

« J'ai promis une arme à ton père... Une arme que seul ma magie peut lui conférer... Tu vois, Seryn... Bientôt ceux qui se sont moqué devront s'incliner et toi avec. » Ses dents se referment sur le cartilage de son oreille dans un ronronnement étouffé. « Je reprendrais ce qui nous a été volé, ce qui a été pillé, ce qui a été souillé... » Et la voilà qui recule le visage, captant à nouveau son regard alors que sa main glisse sur sa joue avec une douceur glaciale. « En échange de quoi... Il t'offrira à moi. »

La sorcière s'extirpe de sa prison, il serait bien capable de la pousser au sol pour lui faire payer ses mots et l'audace dont elle fait preuve. Alors qu'elle s'éloigne d'un port hautain, Llamatsu lâche un rire moqueur, jetant un regard à Seryn par-dessous son épaule.

« Ton père m'a vendu ton âme. » Elle plisse les yeux. « Et qu'il ne tente pas de me duper ou sa carcasse nauséabonde rejoindra celle de mes créatures mortifères. »
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Lun 1 Jan - 1:46
La mort fait partie de la vie ? Mais la nécromancie a toujours voulu vaincre la mort, il suffisait de lire l’histoire de Mannimarco, le premier des nécromanciens, le roi des Vers, devenu Liche puis divinité de l’Oblivion… La nécromancie est foncièrement égocentrique et si apparemment en quelques millénaires d’évolution elle se serait parée de lois, la loi dunmer, elle, était très stricte au sujet du respect des morts… La tempe appuyée sur son index alors qu’il semble écouter d’un oreille distraite, l’elfe noir a un bref sourire ironique. C’est vrai, elle a raison : l’amour et la tendresse n’ont jamais pu être des qualificatifs associés à l’héritier Drès. Qu’y pourrait-il alors qu’on lui a arraché tout ce à quoi il tenait ? Son enfant – ses enfants –, sa maison, ses terres, ses plus proches, ceux qui sont tombés au champ d’honneur, ceux qui ont péri dans la terreur… Alors qu’importe s’il reste encore sur cette terre des gens assez fous pour tenir à lui, son amertume, sa rancœur et sa haine l’ont dévoré depuis longtemps, ne laissant qu’une carcasse vide et viciée.

« Mes simagrées … ? Non. Une faiblesse ou une intuition, à toi de me le montrer. », glisse-t-il d’une voix lointaine. A-t-il fermé les yeux au nom de cette amitié de jadis ou seulement dans un but calculateur, en prévision d’une probable utilité future ? Alors qu’elle vient s’installer sur ses genoux, il la jauge du regard, d’un port de tête qui a tout d’hautain et méprisant : alors, que voulait-elle à son vieux père ? Cette vieille canaille qui s’ennuie au point où il consent à accueillir entre ses murs ce qu’il avait toujours qualifiée de sang inférieur. Un sourire sardonique et mauvais se dessine sur ses lèvres à cette petite histoire de pacte : ça l’étonnerait fort que le seigneur Drès s’abaisse à conclure quoi que ce soit avec la véritable intention d’honorer sa partie. Comme si les Drès étaient reconnus pour le faire, d’ailleurs… des maisons Dunmer, ils sont les plus fourbes et les moins enclins à honorer des contrats qu’ils estimeraient indignes de leur rang.

Basculant sa tête sur le côté, exposant sa nuque tendue au souffle fétide de la jeune femme, Seryn a un brusque sourire qui tord ses lèvres. Illusions que tout cela, si tout était aussi simple, cela ferait bien longtemps que les elfes se seraient débarrassés des humains. Et en apprenant toutes les parties du contrat, il éclate subitement de rire. C’est le summum du ridicule. Le vieux Drès a dû s’écrouler de rire lui aussi après le départ de la demoiselle. C’est d’une absurdité sans précédent, le comble de l’idiotie et de la jalousie réunie en un seul être. « C’est déjà fait… ce n’est pas dans un sac de farine qu’il t’a roulée mais dans un océan. Il ne t’a rien vendu du tout, il s’est débarrassée de toi en comptant sur le fait que tu mourrais en Bordeciel alors que lui pourra s’éteindre lentement et sereinement et, une fois son dernier souffle rendu, ses cendres rejoindront ses ancêtres, à l’abri de la vipère que tu es. »

Son regard de braise se repose sur Llamatsu, brillant d’une lueur on ne peut plus amusée, alors qu’il se mordille la lèvre inférieure pour retrouver son calme. « Tu as vraiment cru qu’il avait encore la moindre autorité sur moi ? Je n’ai pas l’intention de me marier, pas encore du moins, et certainement pas avec une vagabonde qui cherche à s’aliéner… quoi, un dragon, je suppose ? » Un gloussement étouffé lui secoue les épaules. Personne ne parvenait à les trouver et les approcher, alors les tuer et les contrôler ensuite… Quoiqu’il en soit, une armée de morts serait surtout le meilleur moyen de s’attirer les foudres des autres peuples et de les voir s’unir de façon exceptionnelle pour faire disparaître Morrowind et les Dunmers de la carte. Les circonstances actuelles ont cela de bon qu’en nouant les bonnes relations avec les bonnes personnes, il se pourrait que tous soient trop occupés à se diviser et à se monter les uns contre les autres que personne n’en ait plus rien à faire des Argoniens. « Cette idée est complètement cinglée. Mais j’en connais qui seraient sans doutes prêts à tuer ou à payer très cher pour t’utiliser et jeter ton cadavre ensuite. »

A ses mots, Seryn se redresse et, à pas lents, les doigts frôlant la pierre, fait le tour de la cheminée circulaire. « On ne mène pas une guerre avec quelques cadavres réanimés, un dragon ne suffira pas, ni même plusieurs, car tu ne pourras jamais être sur plusieurs terrains en même temps. C’est un symbole stratégique pour créer la surprise et la terreur, pas une arme absolue qui confère la victoire. », énonce-t-il en réfléchissant à voix haute, avant de terminer son tour pour se retrouver dans le dos de Llamatsu. Ses doigts se faufilent, se perdent sous une mèche de cheveux immaculés qu’il explore jusqu’à la pointe. Alors, la main du Dunmer enserre la ceinture de la jeune femme et la fait brusquement venir à lui, la projette contre son torse tandis que son bras s’enroule autour de sa taille. Son nez frôle le derme de la nuque qui s’offre à lui, monte jusqu’à l’oreille puis s’arrête à l’angle de la mâchoire. « Pourquoi faire cela alors que tu me reproches de n’avoir ni amour ni tendresse à te donner ? Tu sais que ça ne te rendra pas plus heureuse d’être à mes côtés. Ou si tu le crois, tu te bernes l’esprit. Alors pourquoi ? » souffle-t-il contre son cou, laissant ses lèvres y frôler la peau qui exhale une douce chaleur. L’idée de la prendre là, violemment sur le tapis en peau d’ours, n’est pas absente de son esprit, si bien qu’un léger sourire indécent orne ses lèvres.
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Lun 1 Jan - 15:32
Si le rire de Seryn n'avait rien d'étonnant, celui de Llamatsu qui vient lui faire écho libère un son presque malsain. Elle aussi s'amuse de cette entrevue, en réalité. Le père de son comparse, elle en sait assez pour savoir qu'il n'aurait jamais légué son fils si facilement.

« Crois-tu vraiment que je l'ignore ? Mais je ne me suis pas lancé dans cette quête pour ce vieux croulant.»

Cela n'a jamais été pour l'impressionner. Llamatsu, outre le besoin de gagner le cœur de son ami, avait besoin de se prouver à elle-même qu'elle valait quelque chose. Alors que son rire s'éteint comme la lueur dans ses yeux, c'est un faciès affable et terne qu'elle pose sur son aîné qui se lève et viens tourner autour d'elle comme un vautour. Il s'imprègne de sa longue chevelure immaculée, de son odeur comme si cette chose lui avait manqué toutes ces années. Mais elle n'y croit pas un seul instant, il l'avait dit lui-même, elle n'était pas une raison suffisante pour qu'il se batte.

« L'idée est folle je sais, mais pas irréalisable... Tu sais ce qui a été dur durant ces deux siècles ? Cela n'a jamais été d'être inférieur à toi... C'est d'avoir toujours été inutile à qui que ce soit. » Se confesse-t-elle à voix basse. « Je me fiche bien de ce qu'on pense de moi, qu'on me juge blasphématrice... Si j'ai le pouvoir de changer les choses, ne serait-ce qu'un peu, alors je le ferais sans hésiter. »

Une détermination à toute épreuve, l'elfe est une merveilleuse représentation de témérité sous toutes ses formes. Ce trait de caractère elle l'avait hérité de son paternel qu'elle avait toujours connu digne et inébranlable même dans les pires situations.  Dans un souffle, la femme écarquille les yeux alors que son comparse l'attire à lui soudainement, un geste aussi brusque que passionné. Une fois encore, elle se laisse manipuler sans broncher, frissonnant quand le visage de Seryn vient se nicher contre sa gorge. Elle n'avait jamais oublié cette sensation, ce frémissement dans ses os.

« As-tu une si piètre opinion de toi pour croire que tu ne ferais pas mon bonheur ? » Souffle-t-elle à son oreille, fermant les yeux. « Tu as parlé de mes sourires, Seryn... N'as-tu jamais réalisé qu'il n'y avait que toi qui me faisais sourire comme cela ? Si je me suis accroché à toi si fort, c'est parce que j'étais heureuse et sereine à tes côtés. Je n'en est jamais eu honte. »

Finalement elle lève les mains, pressant ses larges épaules entre ses doigts avant de remonter le long de sa nuque. Par tous les dieux, le toucher était si bon. Llamatsu qui avait dû se contenter si longtemps des souvenirs de lui, pouvoir le sentir contre elle à nouveau était un sentiment libérateur. Pourtant elle le force à reculer, prenant son visage balafré entre ses mains pour plonger son regard dans le sien.

« Je sais ce qui t'anime, Seryn... Mais ne me fait pas l'affront de me traiter comme tes putains. »

Inférieur oui, mais Llamatsu restait une noble Dunmer, l'héritière de sa propre lignée, sa dernière représentante. Elle était une Dame et non pas paysanne, une catin de bas étages. Jamais elle ne se laisserait traiter comme tel. Elle le contourne doucement avant de venir poser son séant sur le bord de l'âtre puis retire doucement ses bottes.  Ses mains se glissent sous les longs pans de sa robe d'ébène, venant crocheter le tissu de son sous-vêtement qu'elle fait glisser le long de ses cuisses, de ses mollets avant de le laisser choir sur le sol. La sinistre femme ne s'arrête pas là, se redressant, c'est avec une lenteur exagérée qu'elle détache la robe qui la couvre, laissant le tissu glisser sur ses épaules, frôlant la pointe de ses seins ronds et pâles, redessiner ses hanches. Sans un mot, elle finit par laisser tomber le tissu avec le reste puis l'enjambe doucement. Llamatsu est d'une pâleur phénoménale, tout de blanc vêtu, la sorcière enfin débarrassée de son sombre linceul semble brillerait presque dans la pénombre. Parfaitement imberbe, l'elfe s'expose sans pudeur mais avec une forme de fragilité, une délicatesse et une féminité qu'elle ne lui avait jamais montrer avant. Ses bras se tendent vers lui, s'écartent alors que son faciès se lisse avec plus de douceur alors que sa voix s'élève pour briser le silence.

« Viens, Seigneur Drès... Toi qui as tout donné et tant sacrifié pour les tiens... Il est temps pour toi à présent de trouver le repos dans les bras de celle qui t'as toujours aimé pour ce que tu es. »
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Lun 1 Jan - 17:37
Pendant un instant, le regard de Seryn se perd au-delà des flammes de l’âtre, comme retournant dans le passé, près de deux siècles plus tôt. Se sentir inutile… elle lui rirait au nez s’il l’avouait, mais il comprend tellement ce sentiment. Alors même qu’il a été en première ligne pour protéger sa maison et son peuple, alors même qu’il a agi, sué sang et eau pendant la guerre en tentant vainement de repousser l’invasion des Argoniens, jamais il ne s’est senti aussi inutile que pendant ces mois-là. Voir tomber ses vassaux, ses compagnons d’armes tout autour de lui sans pouvoir rien y faire. Et même encore aujourd’hui, il lui arrive de douter que ses entreprises soient suffisantes pour rendre aux Drès ce qui appartenait aux Drès. Un sourire amer se dessine sur ses lèvres alors que Llamatsu remet en doute ses paroles. Elle n’imagine même pas à quel point son opinion de lui-même, du Seryn du passé, peut être lamentable selon son humeur.

« C’est possible. », rétorque-t-il dans un souffle, tandis que ses lippes laissent le fin tracé d’un sillon humide sur la peau de la jeune femme. « C’était il y a si longtemps… », murmure-t-il alors qu’il pince les lèvres en une expression résolue. « … Et nous ne sommes plus les mêmes qu’il y a plus de deux siècles. » Il essuie un sourire mauvais alors qu’elle le repousse doucement. Aurait-il cru qu’elle se laisse si facilement succomber alors même que ses manières laissent franchement à désirer ? Non, loin de là, mais il n’y a pas meilleure approche pour arracher des confidences. Mais toutes ces années à parcourir Bordeciel, rentrant parfois à Sombrejour toute proche sans toutefois prendre la peine de se poser, d’apprécier ces rares moments sur sa terre natale, avait quelque chose de pesant et de mélancolique. Retrouver un visage et un parfum familiers, ici et maintenant, relève presque d’une farce, et sans doutes a-t-il besoin de retrouver un peu de cette chaleur perdue et si lointaine, dans les bras de Llamatsu ou au creux de sa gorge.

Il la suit du regard, tout en se laissant reculer jusqu’à la cheminée, appuie son coude contre la pierre chaude, haussant un sourcil qui oscille entre un air intrigué et intéressé alors qu’un fin bout de tissu se laisse choir à terre. Les muscles fébriles, l’elfe noir observe la scène de son œil valide qui n’en raterait une miette pour rien au monde. Elle est loin, la Llamatsu un peu bourrue qu’il avait connue à l’époque. La transformation dans ses gestes, avec son port altier, sa lenteur, sa force mêlée de fragilité est saisissante si bien qu’il incline la tête sur le côté comme s’il n’en croit pas ses yeux. Sa création, comme elle le disait plus tôt, non, il ne risque pas de la regretter. Et alors qu’elle lui tend les bras et l’invite au repos du guerrier – expression bien ironique s’il en est –, un sourire triste étire ses lèvres alors qu’une lueur de désir brûle dans son regard, de pair avec le reflet des flammes et fait écho à un long frisson qui lui contracte la nuque avant de lui parcourir l’échine. L’invitation est si sublime qu’il faudrait être un rocher glacial pour s’y refuser, mais ne serait-ce pas trop simple alors ? Où est le piège… ?

Il se redresse en s’appuyant sur la pierre, ses doigts frôlent la roche rêche et abrupte avant de faire un pas vers la jeune femme entièrement nue. Sa main droite s’empare des doigts tendus de Llamatsu, il en caresse doucement le derme avant de la faire approcher vers lui pour pouvoir les y porter vers ses lèvres. Frôlement subtil insidieux alors qu’il ferme brièvement les paupières : quel affront de plus ferait-il encore au vieux fantôme du père de la belle ? Déposant un baiser dans la paume de la Dunmer, il braque alors son regard vers son visage. « Ce n’est peut-être pas très bienséant, sera Danso. », souffle-t-il tandis qu’un sourire amusé éclaire son visage, ponctuant ses mots en désignant sa nudité d’un regard appuyé mais rieur. Dans cet endroit, qui pourrait seulement leur reprocher un manque de tenue vis-à-vis de leur rang ? Entremêlant ses doigts à ceux de sa comparse, il dépose la main de la jeune femme à l’arrière de sa nuque, puis le bout de ses doigts part à la découverte du derme pâle, remontant le long de son bras pour glisser, après l’arrondi de son épaule, dans la chute vertigineuse de son dos.

Une poussée au bas de ses reins l’invite à se presser tout contre lui, et Seryn l’enveloppe de ses bras cependant que son visage vient se perdre dans l’immaculée chevelure où il égare un soupir plus détendu. Mais, l’ouïe fine toujours aux aguets, il entend un grincement en provenance des escaliers, signe que quelqu’un vient de s’y engager pour monter à l’étage. Le drame se prépare et Seryn ne peut s’empêcher un sourire moqueur alors qu’il approche dangereusement ses lèvres de celles de Llamatsu. Il les frôle, les mordille presque et, alors qu’elle tente de s’en emparer, s’échappe sur le côté vers la ligne de sa mâchoire en murmurant : « Je crains qu’il ne faudra poursuivre cette conversation ailleurs. » Et juste à ce moment, une serveuse jaillit de l’escalier, commençant d’une voix qu’elle tente aimable malgré la nature de ses clients, alors même qu’elle ne s’est pas encore retournée pour les apercevoir : « Souhaitez-vous commander quelque chose de chaud, sieur ? Nous pouvons servir le dîner ici si vous… » Et catastrophe, à peine a-t-elle franchi les dernières marches que ses yeux s’arrondissent de surprise. « Seigneur ! », lâche-t-elle d’une voix qui oscille entre l’horreur et l’outrage alors que les joues de l’humaine se parent d’un rose vif en voyant face à elle ce couple sans pudeur aucune et cette créature pâle qui s’affiche sans retenue, faisant outrage aux bonnes mœurs de l’établissement.
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Lun 1 Jan - 18:55
Venimeuse tentatrice, Llamatsu attend. Son regard ne quitte plus son seigneur qui s'approche et fait preuve de bien plus de respect et de tendresse à son égard qu'il n'en a jamais eu. Il faut dire que le changement qui s'est fait en elle est brutale, il reste qu'à espérer qu'il aime ce qui s'érige sous son nez. Et il semble que oui car lorsque ses lèvres se glissent dans la paume de l'elfe d’albâtre, celle-ci frisonne plus fort encore.

« C'est vrai, ce n'est pas très bienséant... Mais rien n'est trop beau pour vos yeux, Muthsera. »


Murmure Llamatsu alors que sa main glisse jusqu'à sa nuque et qu'il ne la rapproche de lui dangereusement. Il étreint qu'il lui offre est comme un souffle nouveau et déjà, son deuxième bras rejoint le premier alors qu'elle enlace le puissant Dunmer dont les lèvres taquinent les siennes. Elle soupir, ferme les yeux et presse son front contre le sien, savourant cet instant de repos auquel elle aspire depuis plus de deux siècles. Elle vide son esprit, bien décidé à laisser Seryn la posséder pleinement, refouler loin dans son cœur sa haine, sa misère et la fourberie du patriarche Drès. Dès lors qu'il vient murmurer que leur échange va être ruiné, Llamatasu ouvre les yeux et fronce les sourcils. Pourquoi donc ? Son cœur s'emballe violemment, allait-il la planter ici comme un malpropre ? Eh bien non, par chance. C'est une serveuse qui a fait irruption dans la pièce et s'offusque de ce qui est sous ses yeux. Dans un geste faussement pudique, la sorcière se love contre son compagnon et feint la timidité avant de siffler.

« Sortez. »

Le ton ne laisse aucune place à une quelconque répartie. Intransigeante et à nouveau glaciale, Llamatsu toise l'humaine d'un regard virulent. Cette grossière paysanne avait le culot de briser ce moment, celui qu'elle attendait depuis si longtemps. N'y avait-il donc aucune limite à la stupidité humaine ? Dans un soupir agacé, la sinistre sorcière se sépare des bras de Seryn et ramasse sa robe au sol qu'elle serre entre ses doigts. Si ça ne tenait qu'à elle, cette insipide femelle serait déjà morte. Prenant place sur le bord de l'âtre, la voilà qui soupir avant de murmurer à Seryn.

« Je suis désolé, ce n'était peut-être pas une si bonne idée... »


Comme elle regrettait. Elle aurait donné cher pour pouvoir rester dans ses bras, pour sentir à nouveau ses lèvres sur les siennes. Mais elle n' même pas eu un baiser. L'idée la grise au plus haut point alors que l'elfe se relève lentement, captant le regard de son ami et soupir longuement.

« Je devrais sans doute me rhabiller et partir... » Elle déglutit. « Sauf si tu veux... Que je reste ? »

Son cœur bat si fort dans sa poitrine que la sensation en devient atrocement douloureuse. D'autant qu'ils sont seuls à nouveau, plus personne pour les déranger. Mais leur élan avait été si subitement coupé que Llamatsu doutait que Seryn veille aller au bout de ces retrouvailles.

« Ai-je le droit de t'avouer... Que je n'ai pas envie de partir, que je veuille rester ici avec toi ? »


Se redressant, elle abandonne la robe au sol de plus belle avant de revenir vers son cher et tendre seigneur dont elle désirait le cœur plus ardemment qu'autre chose. Tant pis pour la bienséance, que Boethia les emporte tous ! Llamatsu revient se lover contre Seryn, pressant ses lèvres contre les siennes dans un baiser passionné avant de venir mordre sa lèvre. Quand bien même elle aurait voulu y renoncer, elle savait qu'elle n'aurait jamais pu car sa pire malédiction avait été de souffrir de cet amour non partagé.

« Je dois t'avouer quelque chose d'autre... » Pause. « La dernière fois que j'ai fais l'amour... » Elle hésite, la gène dans la voix. « C'était avec toi. Je ne l'ai jamais refais depuis... je suis un peu anxieuse, je crois. »
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Lun 1 Jan - 20:25
Une furieuse envie de rire secoue le Dunmer face à cette situation bien cocasse. Pas pour se moquer de Llamatsu, mais plutôt de la tête de cette humaine au caractère sans doutes un peu trop prude pour supporter pareille vision. Un sourire des plus narquois étire ses lèvres quand les foudres invisibles de sa comparse frappent la gueuse avec plus de froideur que les vents qui balayent les hauts pics de Bordeciel. Et alors que sa comparse se love contre lui, au point que malgré ses vêtements, il sent ses courbes se presser contre son torse et sa chaleur irradier jusqu’à sa peau. Le cœur battant, l’interruption de cette misérable moins que rien est d’autant plus criminelle qu’elle est frustrante, tandis que Llamatsu échappe à son étreinte. Quelle tristesse qu’ils ne se soient pas trouvés en Morrowind, où le sort de la serveuse, qui aurait alors eu de fortes chances d’être esclave, aurait été tout tracé… Observant l’humaine du coin de l’œil alors qu’elle détale, l’accueil chaleureux de l’elfe noire l’ayant probablement dissuadée de revenir à l’étage avant le lendemain, l’héritier Drès croise les bras en pivotant vers la jeune femme.

« C’est une question de point de vue, je suppose. », rétorque-t-il avec un fin sourire qui en dit long sur son point de vue à lui. Toute idée déplacée est bonne à mettre sur le tapis, n’est-ce pas ? La serveuse n’est qu’un contretemps, en espérant qu’elle n’ameute pas toute une troupe de rabat-joies qui auraient envie d’en découvre avec un indécent duo Dunmer. Relevant les yeux vers la sorcière, Seryn l’observe quelques instants en silence, les yeux mi-clos, avant qu’un sourire n’éclaire ses lèvres et contraste amplement par sa douceur, par rapport aux expressions plus mauvaises et assassines qu’il a pu avoir jusqu’à présent. « Pourquoi partir, alors ? Reste. », dit-il simplement alors que ses mots sonnent à la fois comme une invitation et un ordre. La voix de la raison semble l’emporter – à moins que cela soit la déraison ? Quand on ne s’embarrasse pas de rigueur morale, difficile à dire – et tandis qu’elle revient vers lui et l’embrasse avec une fougue qui relèverait presque du désespoir, les mains du seigneur glissent sur ses hanches, caressent la chute des reins pour finalement la serrer tout contre lui. Il avait déjà possédé ce corps, mais c’était il y a si longtemps, dans des circonstances et des états d’esprit si différents, qu’avec en plus la transformation de Llamatsu, c’est comme s’il la découvre pour la première fois.

Et pendant que ses doigts jouent avec la pointe des longs cheveux immaculés qui tombent jusqu’au bas du dos de la jeune femme, les mots qu’elle prononce ont une dimension presque étrange et symbolique. Le Dunmer baisse son regard vers les sombres billes qui l’observent, taquine la peau de son visage du bout de son nez. « Je ne sais pas si je dois en tirer une quelconque forme d’orgueil ou l’inverse. », lâche-t-il non sans une pointe de cynisme. Effleurant la pointe de son menton du bout de son pouce, puis frôlant la pulpe de ses lèvres noires, il esquisse un sourire, tourne la tête pour balayer la salle du regard qui arbore alors une lueur joueuse. « Je crois que tu n’as pas besoin de t’inquiéter pour ça. », la rassure-t-il tandis que son visage se pare d’une expression mutine. Comme diraient les Drès, c’est comme pour le fouet, le coup de main revient très vite. Ses doigts s’enroulent alors autour des siens, lui empoignant la main alors qu’il pivote et commence à contourner la cheminée circulaire qui arbore deux ouvertures opposées.

A chaque pas, il se débarrasse de ses bottes et d’un coup brusque, il fait pivoter Llamatsu pour presser son torse contre son dos. Explorant ses hanches avant de croiser et décroiser ses mains sur son buste en caresses volubiles, recouvrant ses courbes de ses paumes brûlantes, il lui murmure à l’oreille, juste avant d’en mordiller le lobe : « Au vu des circonstances, il me paraît encore plus adapté de fêter nos retrouvailles d’une façon aussi incongrue. » Son regard se porte alors sur le tapis qui repose au pied du feu, la fourrure entière d’un ours qui a d’ailleurs encore toute sa tête pour les observer de ses yeux morts. « Espérons juste que cette fois, le tapis ne prendra pas feu. », ajoute-t-il avec un petit rire avant de la libérer de son étreinte. Il se tourne vers l’âtre, déboucle sa ceinture avec lenteur pour déposer son épée sur le côté. Le lacet de sa tunique n’est bientôt plus qu’un mauvais souvenir et, relevant les pans de tissu par-dessus sa tête pour s’en extirper, voilà la musculature de son dos qui se révèle au regard de sa comparse. Les motifs de ses tatouages, souvenir de Vvardenfell, parcourent toujours la peau de son bras et lèche le derme de son dos jusqu’à la chute de ses reins. Mais ce qui éclipse ces motifs savamment dessinés, ce sont ces marques profondes, ces cicatrices qui jamais ne pourront s’estomper totalement tant sa chair a été marquée profondément, parfois jusqu’à l’os. Des stries, des zébrures rougeoyantes sur la peau pâle et maladive, presque cendreuse du Dunmer. Le souvenir des caresses des coups de fouet.
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Lun 1 Jan - 21:05
« Tu peux éprouver de l'orgueil, oui... C'était toi ou rien du tout. Je ne t'avais pas, alors c'était rien du tout. »

Conclue simplement la femme qui s'empare à nouveau de ses lèvres avec envie. Rassurée, elle l'est quand Seryn lui demande de ne pas s'inquiéter pour cette absence totale de pratique sexuelle qui la rendait aussi fébrile qu'une pucelle. Malgré elle, un sourire étire ses lèvres sombres et charnues alors qu'elle se laisse entraîner par son compagnon et nouvellement amant. Llamatsu se laisse emporter par ses caresses, frissonnant toujours plus au contact de Seryn qui éveille en elle des souvenirs lointains mais délicieux. Comment avait-elle pu vivre si longtempssans le voir et le toucher ?

« Seryn... »

Murmure la jeune femme dans un souffle de désir, se cambrant contre lui. Le souffle haletant, Llamatsu se sentirait presque défaillir sous son emprise alors que l'elfe redessine son corps, le découvre à nouveau. Il lui tardait à en faire de même avec le sien. Alors quand le concerné, un brin folichon, lui propose l'amour sur un tapis en peau d'ours, la blafarde femelle arque un sourcil. Lentement, elle pivote le visage, observant le tapis et se mord la lèvre dans un sourire amusé.

« J'ai toujours aimé ton audace. »

Affirme-t-elle avant d'abandonner ses bras pour trottiner vers le tapis. Lentement elle s'agenouille puis s'assoit avec grâce, ses paumes frottant la fourrure dru de l'ours trépassé. Pour des retrouvailles, ce n'était pas banal il fallait bien l'admettre.

« Si le tapis prend feu, cette fois je refuse de prendre pour toi ! »

Clame Llamatsu dans un rire léger avant de relever le visage pour observer Seryn qui s'empresse de se déshabiller. Il semblait plus musculeux qu'avant et si les tatouages formaient de magnifiques arabesques sur sa peau, bien vite le sourire de la sorcière fond comme la neige au soleil. Au milieu de l'art fait d'encre, il y a toutes ces marques qui brisent son derme. Elles sont nombreuses ces cicatrices, trahissent des blessures autrefois profondes. Son corps avait été massacré par une violence sans pareil... Llamatsu porte ses doigts à sa bouche, mordant nerveusement ses ongles alors que son faciès se tire dans une expression de tristesse et d'inquiétude.

« Qu'est-ce qui t'est arrivé... ? »

Son regard sombre se voile soudainement, brouillé par des larmes qui ne tarde pas à s'écouler sur son visage blafard. Un sanglot silencieux lui échappe alors que la femme baisse le visage, y plaquant une main pour camoufler ses larmes. Elle n'a pas seulement honte de craquer ainsi, c'est la profonde angoisse qu'elle éprouve à l'idée du mal qui puisse lui être faite. C'est viscérale, atroce cette sensation d'étouffement. Elle ne connaît pas l'origine de ces citatrices mais se sent déjà bouleversée par les souvenirs d'une guerre qui les avaient puissamment marqué tous les deux. Qui les avait séparé aussi, durant de bien longues années.

« Ta souffrance m'est insupportable... » Murmure t-elle la voix brisée par le chagrin. « Pardonne ma faiblesse Seryn... »
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Lun 1 Jan - 22:40
Le compliment concernant l’ours en guise de nid arrache un discret ronronnement capricieux et amusé à la gorge de Seryn. Audacieux, c’est bien le mot. Attaché à la découverte de nouvelles expériences incongrues et inédites, aussi. Alors qu’il abandonne sa tunique au sol, il se fige à la question de Llamatsu. Tournant la tête pour la regarder par-dessus son épaule, l’héritier Drès observe un instant la jeune femme et l’émotion qui la secoue, une réaction qui le rend d’abord perplexe, avant de s’en sentir quelque peu désolé. Libérant le fourreau de sa dague accrochée à la ceinture de son pantalon, qu’il dépose avec son autre arme, l’elfe s’approche finalement de la créature dénudée dont les larmes strient ses joues de sillons scintillants. Alors qu’il s’assoit à côté d’elle, prenant appui sur une main, il fixe un instant le sol, les planches de bois qui ont été foulées de nombreuses fois, et dont l’usure masque tout l’aspect chaleureux qu’elles auraient pu renvoyer. Il inspire doucement, peu habitué ni très à l’aise pour repenser à tous ces mois d’horreur, le souvenir cuisant de ces instants où il aurait préféré mourir que d’être déshonoré ainsi.

Il se penche en avant et passe une main fébrile sur la joue de Llamatsu. « C’est du passé… La douleur physique… n’était qu’une mauvaise passe à traverser. » Il lâche un soupir et alors son visage se ferme, ses traits se durcissent. La brûlure du fouet s’est estompée depuis longtemps mais la haine qui en a jailli à l’encontre des Argoniens ne l’a jamais autant rongé. « Quatre ans après la prise de Larme et la défaite de notre peuple face aux cul-terreux à écailles, j’ai voulu mener une contre-offensive pour reprendre un maximum de terrain et fixer une vraie frontière. », commence-t-il en caressant doucement l’épaule de sa compagne. Les images lui reviennent, comme elles hantent encore son esprit certaines nuits. Cette action stupide qui lui avait fait tout perdre, parce que son orgueil avait été trop grand… Mais personne ne l’avait arrêté à l’époque, personne n’avait tenté de le dissuader d’agir. « Par rapport aux pertes elfiques pendant la bataille la plus importante, autant dire que je n’avais rien gagné… Ce jour-là, je les ai vus tomber un à un autour de moi, comme lors de la prise de Larme. Satyana est tombée aussi. Dans le chaos, j’ai été capturé par les Argoniens. C’est ce jour-là aussi que j’ai écopé de ça. », conclut-il en portant son index à sa large cicatrice qui barre son œil et une partie de son visage.

Après l’ivresse du sang et de la bataille, après avoir réalisé l’étendue de son erreur, après avoir vu sa femme enceinte périr sous les lames des reptiles, et sans crier gare, il y avait alors eu ces mois dans l’obscurité, l’humidité et la solitude. « On m’a gardé plus de six mois dans un trou à rat des marais, une grotte putride et sombre, la moitié du temps attaché à une barre fixée au mur ou à un poteau, l’autre moitié enchainé dans la boue. A partir du moment où ils ont su qu’ils avaient mis la main sur l’héritier des Drès… ils se sont fait un malin plaisir d’inverser les rôles pour me mettre dans la peau d’un esclave. » Sa voix se brise sous la colère qui innonde ses veines et son poing se serre, ses ongles se plantent dans la chair de sa paume. Pour chaque claquement du fouet qui a sifflé à ses oreilles avant de mordre sa peau, ses muscles et ses os dans une brûlure insupportable, pour chaque zébrure qui orne à présent son dos qui n’était plus à l’époque qu’une loque de chairs sanguinolantes, Seryn promet de rendre le centuple à chaque Argonien qu’il pourrait croiser. Pas pour la douleur physique. Mais pour la douleur cuisante de l’humiliation qu’ils ont fait durer tous ces mois. « J’ai prié pour mourir. Mieux valait la mort que l’humiliation de ma famille, la voir s’abaisser à traiter avec ces insectes pour me récupérer. Ils m’ont libéré après six mois, après que mes parents aient pu payer avec le peu d’or qu’il leur restait. Et je crois que mon père aurait préféré que j’y meure aussi. », conclut-il durement.

Le regard que le paternel lui avait alors porté par la suite n’avait plus jamais été le même, mais pendant de nombreuses années, ça n’avait été que le cadet de ses soucis. Car la suite est une toute autre descente aux enfers, qu’on ne pourrait que difficilement lui soupçonner. Le temps du chagrin, le temps du deuil qu’il n’avait pas pu s’accorder pendant tout ce temps. Il bascule la tête en arrière et sur le côté pour observer en silence les flammes qui continuent de crépiter sans être perturbées par l’histoire du Dunmer. Inspirant avec lenteur pour s’extraire de ces amers souvenirs, Seryn porte alors son attention sur sa comparse, redresse le dos pour lui faire face et poser son front contre le sien. « N’en fais pas ton fardeau. Ils n’ont fait que graver ma haine envers eux au plus profond de ma chair. », murmure-t-il doucement en tenant son visage dans ses mains en coupe, avant de l’embrasser avec ce feu qui l’anime, cette violence singulière qui le rend presque sauvage.
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Sujet: Re: Les heures noires de jadis (llamatsu) Lun 1 Jan - 23:23
La guerre et ses désillusions. Une paix qui ne viendra probablement jamais. Et qui serait assez naïf pour croire que les choses pouvaient changer ? Llamatsu, derrière son masque odieux et froid, avait cette profonde naïveté. Elle croyait que les choses changeraient. Un vain espoir qui subsistait malgré tout depuis si longtemps. Sa dernière lumière dans les ténèbres avait un nom. Un visage. Une voix. Un parfum. Tout près d'elle, sa lueur d'espoir s'installe et lui raconte son histoire, l'atroce souffrance à laquelle il avait été soumis. Seryn. Seryn si narcissique, Seryn si ambitieux, Seryn si blessé, Seryn si manipulateur... Il y aurait bien des mots à dire sur lui, son exécrable caractère, ce monstre en devenir. Mais tout ce que voyait Llamatsu, c'était un homme un peu trop humain, sans doute plus que les humains eux-mêmes.

« Je suis fière de toi. »

Murmure la jeune femme qui relève le visage, essuyant ses larmes d'un revers de main. Ce n'était sans doute pas à ce genre de paroles qu'il s'attendait que déjà, la sorcière abandonne son masque de dureté pour lui offrir un franc sourire.

« Tu n'es peut-être pas le plus aimant, le plus gentil ni le plus charmant... Mais je suis fière de toi tout de même. Fière de voir le courage dont tu as fait preuve, tous ces mois de torture et de solitude que tu as affrontée, la tête haute, pour ton peuple. Pour ceux que ton père disait être inférieur à vous. »

Dans un soupir, la femme répond au baiser qui lui est offert. Il était si brûlant, ce sale coureur de jupons. Intérieurement elle en rit, elle pourtant si jalouse et possessive. Mais cela lui semble risible à présent qu'elle sait la vérité. Et elle aussi devient brûlante, pas seulement de désir, mais d'une puissante envie de vengeance.

« Ton père aurait préféré que tu meurs, parce qu'il est un mauvais père. Tu as été brave, tu as combattu, tu as tout sacrifié, tu t'es donné sang et larmes pour lui, pour moi, pour nous tous... Ton courage te fait honneur Seryn. Ton père te jalouse parce qu'il n'arrive jamais à ta cheville. Il ne sera jamais la moitié de l'homme que tu es devenu et encore moins de la moitié de celui que tu deviendras. »

Comme durant leur enfance, Llamatsu lève la main, serrant le poing à défaut de son petit doigt qui reste levé et viens crocheter celui de son ami qu'elle gratifie d'un nouveau sourire, les yeux sombres luisant de ses pleurs passés.

« Faisons-nous une promesse... Quoi qu'il arrive à présent, restons ensemble, Seryn. Nous montrerons à ton père ce que tu vaux vraiment. Ce dragon ce n'est pas à lui que je l'apporterais, c'est à toi. » Sans se défaire de son sourire, elle vient frotter la pointe de son nez contre le sien. « J'ai foi en toi. Tu es capable de grandes choses Seryn. Dorénavant, je te soutiendrais quoi qu'il arrive... Je te le promets. Nous nous vengerons, nous reprendrons Larme et tu seras le seigneur le plus respecté de Morrowind. »

Et Elle retourna dans les ombres, dans l'oubli comme elle l'avait toujours fait. Il trouvera probablement une autre épouse digne de lui, bien meilleur que ne le sera cette sorcière à la chevelure immaculée, il lui fera de nouveau enfant, fera perdurer sa lignée quand la sienne s'étendra avec elle. Mais qu'importe, Llamatsu, en retrouvant son ami, retrouvait un but dans la vie. Sans doute ne serait-elle pas si inutile que cela après tout. Sa naïveté serait peut-être contagieuse. Un espoir reste un espoir et tout espoir est bon à prendre.
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